Avant même les dizaines de cas identifiés en son sein durant l'été, la Défense avait pris la grippe A au sérieux. Un habitué des planifications et conduites interarmées confesse n'avoir de toute sa carrière n 'avoir jamais vu un 'tel travail en profondeur' pour préparer le terrain et les plans, en amorce de phase.
Assez logiquement, le CPCO (centre de planification et de conduite des opérations) de l'EMA a été désigné comme référent par Hervé Morin pour gérer la crise à la Défense, et sera donc le correspondant de la cellule interministérielle de crise (CIC). Potentiellement, l'opération H1N1 pourrait être la plus importante Opint jamais traitée par le CPCO, depuis sa création. Sa cellule Opint a notamment été en charge du dossier Pascal Paoli (2005), mais aussi de conséquences de catastrophes naturelles, comme la tempête de l'an dernier.
Le CPCO a mis en place, dès le début de l'été, un pré-COP (centre opérationnel pandémie), chargé de planifier les scénarios, y compris les pires. La moitié des effectifs du COP définitif, qui entre en fonction le 3 septembre, ont passé les vacances sous la rue Saint Dominique.
Tous les unités des trois armées, et des services (DGA, SEA, SSA) ont été priés, dès le début de l'été, de remettre des perspectives chiffrées permettant de mesurer l'impact de pertes de personnels liés directement (malades) ou indirectement (absentéisme sur ordre) à la grippe A. Et leur capacité à fonctionner à effectifs réduits. De même, des engagements chiffrés, pour permettre de faire fonctionner la machine, ont été demandées. Les armées doivent continuer leur rythme d'enraînement presque comme si de rien n'était : certains corps de l'armée de Terre, comme le 2e REP ou le 13e BCA, seront en Afghanistan à la fin de l'année, n'en déplaise au H1N1... L'un comme l'autre sont dans les camps d'entraînement, en septembre.
L'autre enjeu étant de tenir le contrat gouvernemental de 10.000 militaires (hors chaîne santé) disponibles pour les OPINT. Sur le terrain, mais aussi dans des PC, dans des centraux de réponse au public (le plus connu étant celui de la DICOD, armé par des réservistes), etc...
La phase la plus éruptive de la pandémie pourrait durer trois semaines, estime-t-on de source médicale.
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