mardi 2 novembre 2010

Smashing

Une force de réaction rapide commune, tout en gardant la capacité d'interventions nationales, un soutien commun sur l'A400M, et des formations communes de pilotes, un drone commun sous dix ans : "commun", on l'a compris, est le mot du jour, en ce jour de sommet franco-britannique.
Tout cela avait plus ou moins fuité, donc le lancement politique, aujourd'hui, constitue un non-évènement, malgré la portée historique des annonces.
C'est évidemment, la mise en musique du tout qui va présenter un intérêt : il sera intéressant comment les intérêts industriels, et les réflexes militaires nationaux vont réagir à tout cela. Si la marine et l'armée de l'air ont l'habitude de travailler avec leurs homologues britanniques, il n'en va pas de même pour l'armée de terre. Malgré un exercice binational (enfin !) prévu depuis quelques mois.
Or, à bien regarder, les deux armées de terre, en interdépendance, risquent de présenter des surcapacités dans ce même domaine terrestre. De l'autre côté du channel, David Cameron a donné un gros coup de canif dans l'artillerie et les chars, qui pourrait inspirer, sur notre rive à nous. Alors même que le CEMAT constatait, récemment, qu'il fallait... renforcer l'artillerie.
De même, et malgré un protocole sur les urgences opérations, il ne semble pas que les DGA des deux pays aient vraiment pris l'habitude de coopérer très largement, ne serait-ce que pour l'échange d'informations. L'un des rares exemples : la perception des retex britanniques sur les chenillettes, avant l'achat du VBHM.
Autre souci, les intérêts industriels des deux pays. Il faudra bien construire aussi cette interdépendance par des programmes achetés sur l'étagère de l'autre pays, car les coopérations 50-50, dogmatiques, donnent parfois de beaux dromadaires, comme le rappelait en son temps Marcel Dassault. Il faudra donc peut être ravaler notre célèbre orgueil national, et accepter d'acheter anglais, ce que nous ne faisons pas (1), pour que les Britanniques acceptent d'acheter encore plus de production française. Rappelons, à cet égard, que le deuxième contractant de la Défense est britannique (Thales), la réciproque n'est évidemment pas visble chez nous. BAE Systems peut plaider, désormais beaucoup plus facilement l'accès au marché français, un des plus protégés au monde.
Enfin, et il ne faut pas l'occulter, alors même que la Grande-Bretagne a annoncé sans détours sa thérapie de choc, la France rechigne encore à reconnaître que le budget actuel de la défense ne suffira pas à faire vivre son appareil militaire actuel. Pour tout arranger, le succès de la réforme des soutiens représente un vrai défi, et l'on sent bien, à travers d'évidents problèmes de moral des personnels, que ce défi n'est, pour l'instant, pas du tout remporté. Les personnels ayant du mal à s'approprier cette réforme de toute façon nécessaire.

(1) un mauvais contre-exemple étant présenté par l'achat de VBHM chez le suédois Hagglunds, filiale de BAE Systems.