samedi 8 août 2009

Un récit d'Uzbeen

Voilà le premier d'une longue série, à l'approche du premier anniversaire de l'embuscade d'Uzbeen. C'est Match, qui a sans doute eu le nez fin, qui tire le premier, avec une interview de... Frédéric Pons. L'ancien officier du 8e RPIMa, aujourd'hui journaliste à Valeurs Actuelles a pu rencontrer la plupart des survivants de Carmin 2, et certaines familles des morts d'Uzbeen. Son travail, sans équivalent, vaut donc forcément la lecture du récit, forcément circonstancié, qu'il fait de cette journée terrible. D'autres viendront sans doute dans les jours suivants compléter son travail, mâtinés de retours d'expérience, d'hommages, de récriminations, tous plus ou moins fondés. Il ne faut pas exclure non plus une ou deux révélations. La presse est ainsi, entre deux anniversaires, point d'émotion possible, donc point de papier(s).
Pour éviter toute nouvelle émotion(s) à quelques uns, je ne m'apesantirai pas, pour ma part, sur ce vol de drone refusé la veille, ces mortiers qui manquaient à l'appel le jour même (que Frédéric Pons évoque lui aussi en fin d'interview), bref, tous ces petits détails qu'on m'a fait payer. Mais c'est la règle : écrire juste peut vous être reproché (je l'écris pour les aspirants journalistes qui lisent ce blog).
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'un nouvel Uzbeen peut intervenir à tout moment (la guerre est faite d'embuscades, qu'on pose ou dans lesquelles on est pris).
Et qu'avant même Uzbeen, on avait commencé -mais seulement commencé- à prendre la mesure des capacités nécessaires au fantassin déployé en Afghanistan. Il faut rendre justice à Elrik Irastorza l'actuel CEMAT, qui n'était encore que major général, d'avoir lancé une série d'urgence opérations, notamment en matière de petit matériel, ce qui a sans doute contribué, à plusieurs reprises, à limiter la casse. Il n'est sans doute pas non plus vain de rappeler que le 8e RPIMa fut à l'époque le premier à effectuer une mise en conditions avant projection (MCP) très sévère, axée notamment sur les premiers secours et les actes réflexes. Sans ces préacquis insufflés par le colonel Jacques Aragones (1) et ses sous-officiers, le bilan aurait sans doute été pire, ce jour-là, et d'autres jours, ailleurs.
Une embuscade qui a aussi rappelé que cet adversaire furtif, qui sait aussi être cruel pour forger sa légende, sait aussi faire la guerre, et d'autant plus qu'il opère sur son terrain. Depuis 1980, l'Afghanistan est en guerre, de façon quasi-continue, cela aide forcément.

(1) Carmin 2 opérait, rappelons-le, en zone Batfra, donc était placée sous la responsabilité du RMT, remplacé quelques jours plus tard par le 3e RPIMa.


L'interview de Match est lisible ici :
http://www.parismatch.com/Actu-Match/Societe/Actu/Afghanistan.-Retour-dans-la-vallee-de-la-mort-118855/

Un autre article, qui a fait couler un peu d'encre :
http://raids.histoireetcollections.com/article-24004-afghanistan-dans-la-vallee-d-uzbeen.html