Pour tenter d'éteindre la polémique qui a bien enflé après l'attaque de Nice, Sentinelle va rester à
10.000 militaires, et se déployer en province, là où le dispositif était insuffisamment déployé jusqu'à maintenant. L'Ile-de-France concentrait une part excessive de l'effectif rapportée à la population qu'elle héberge : ce sont donc principalement des institutions et des communautés qui étaient protégées, non la population d'Ile-de-France (ce qui est l'argument mis en avant). La faute aux demandes de gardes statiques, qui rigidifient le dispositif, et consomment beaucoup de personnel.
On ignore néanmoins comment il faut comprendre ce chiffre. Jusqu'à maintenant, ces 10.000 voulaient en fait dire : 7.000 employés en Sentinelle (sur le terrain par roulement), et 3.000 en alerte, prêts à répondre depuis leur régiment.
Il n' a pas eu d'explication sur la façon dont l'armée de terre va pouvoir tenir cet effectif, qui devait être ramené à 7.000. Le ministre a expliqué que le déploiement dans la nouvelle configuration se faisait "immédiatement".
Le centre de gravité de Sentinelle va donc se déporter vers la province, a annoncé le ministre dans une communication avec son homologue de l'Intérieur (communication qui n'a pas été suivie de la moindre question de la presse). Les missions parisiennes perdureront dans les gares et aéroports, et sur des sites confessionnels. Mais il est vrai que la plupart des écoles sont fermées cet été (certains servent de centres aérés néanmoins) ce qui libère du personnel.
Sentinelle ira aussi renforcer policiers et gendarmes déjà présents sur les frontières, principalement dans la zone franco-italienne. Enfin, le dispositif ira aussi se rendre visible dans les fêtes et festivals culturels dans les zones touristiques.
Le président ne l'ignore pas, le tourisme est un des poumons économiques de la France, un des pays les plus visités au monde, et il faut envoyer des messages rassurants.
Déjà, des annulations étaient venues d'Allemagne après la diffusion (au printemps) par Bild d'une alerte des services allemands concernant le risques de fusillades sur les plages de la côte d'Azur. L'hôtellerie parisienne avait enregistré, elle, des annulations (pour environ 10 à 15%) après les attaques de novembre.
A ce stade, aucune évolution ne semble par contre concerner les modes d'engagement de Sentinelle, bridant manifestement l'emploi de l'arme de service. La double dotation n'a pas non plus été généralisée comme annoncé. Enfin, on peut s'interroger sur le Famas. Il n'a pas été utilisé quand et où il aurait pu avoir un effet (au Bataclan), et dans une foule, il peut présenter un danger.
Face à des kamikazes, enfin, on le sait, seule une balle dans la tête, sans distinction de calibre, aurait un effet. Un non-dit de plus.