Le terrorisme a frappé sur un symbole qui parle, cette fois, à n'importe quel Français. Une
manifestation ouverte, traditionnellement synonyme de vacances.
Malgré l'action des primo-intervenants, le camion fou a fauché sur deux kilomètres. Pour l'heure, on ne sait pas comment il a pu se jouer des barrages et sas qui sont sensés préserver la foule qui assiste à ce genre d'évènement.
L'émotion qui se dégage depuis cette nuit ne pourra vraisemblablement pas se contenter de mesures cosmétiques.
Sentinelle était déjà à 10.000 militaires (dont les 3/4 réellement déployés, contrairement à ce qu'en retiennent la plupart des médias), on ne voit pas trop ce que le maintien à ce niveau changera... la démonstration de la nuit rappelant que ce dispositif n'est pas omniscient, alors qu'il élime, par contre, les capacités des armées, notamment de l'armée de terre.
Le maintien de l'état d'urgence facilite les actions administratives, notamment les perquisitions, mais on l'a bien vu, leur bilan a été extrêmement faible.
Il sera intéressant de voir, en pleine période estivale, les résultats de l'appel présidentiel à la réserve opérationnelle (la réserve citoyenne, désarmée et peu formée, n'a pas d'impact dans le domaine sécuritaire). Les signaux envoyés ces dernières semaines n'ont pas été forcément très positifs, puisqu'on avait appris une nouvelle contraction des crédits de réserve (pour 2016).
Par contre, l'Intérieur doit pouvoir, lui aussi disposer d'une réserve de masse et réactive (c'est déjà le cas en gendarmerie), qui ne doit pas être l'apanage de la Défense, au motif que ses soldats coûtent moins cher. C'est possible, puisque comme les militaires, les policiers partent jeunes en retraite. Il est donc possible, et la cogestion le comprendra sûrement, de trouver un protocole qui permette de faire appel à ces jeunes retraités pour renforcer la police nationale, et dégager des marges de manoeuvre.
La nuit l'a aussi montré, une partie du dispositif organique a bien répondu : deux hélicoptères EC145 ont été mobilisés, démontrant l'efficacité de cet héritage historique qui fonctionne, mais qui or période de crise, n'est pas forcément bien utilisé.
Il faut donc cesser de chercher des sources d'économies là où il n'y en a pas pour le pays. On l'a bien vu dans les armées, la réduction court termiste des effectifs des armées a eu des effets désastreux sur la récente remontée en puissance : il est facile de casser, plus difficile de reconstruire.
Personne ne peut être surpris par l'attaque de la nuit : la France participe à la guerre contre Daech (comme depuis 2001, à celui contre Al Qaeda), qui a dit à plusieurs fois de frapper les civils.
Des cibles molles, bien plus faciles à frapper que l'Elysée ou qu'un centrale nucléaires. Au printemps, le Bild allemand avait repris une alerte des services allemands évoquant des risques d'attentats sur la côte d'Azur, notamment les plages. La France y a cru, n'hésitant pas à décider d'armer les CRS des plages (une mesure plus compliquée qu'il n'y en a l'air).
Mais, il suffit de regarder nos rues. Ce 14 juillet, la plupart des mêmes CRS chargés de sécuriser le défilé du 14 juillet ne possédaient pour arme longue qu'une AMD (celle de George Peppard dans l'agence tous risques). Leurs véhicules tirent la langue. Une fois pour toutes, il faudrait donc, aussi, régler tous les problèmes d'équipement qui perdurent, plus d'un an et demi après les premières attaques de Paris.
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