C'est l'annonce du jour : le président français a dégaîné son artillerie, afin d'être présent sur la photo
de famille, pour la prise de Mossoul, annoncée, à Paris, comme dans l'ordre des choses (pour ne pas dire certaine). La Sainte Barbe (le 4 décembre), la bien connue patronne des artilleurs, sera donc fêtée, pour une poignée d'entre eux, en Irak.
Une fois que c'est dit, que Paris va dégaîner ? Tout dépend de ce (ceux) qu'elle veut soutenir, et à quelle portée. L'artillerie de la compagnie d'infanterie, c'est le mortier (pas Mortier, hein) de 81 mm et ses 5700 m théoriques. Si l'on a envie d'être sur la photo de famille, mais aussi d'y laisser du monde.
Au-dessus, c'est l'artillerie des artilleurs : le 120 mm (mortier toujours), puis on passe au 155 mm, un engin qui s'est déjà vendu dans la zone (plus au sud). Evidemment, on ne déploiera pas des Caesar pour en vendre encore à l'export mais parce que c'est une arme précise, qui a fait ses preuves en Afghanistan et au Mali. L'armée de terre applaudira sans doute à ce nouveau déploiement, car il faut encore en payer quelques uns, et jusqu'à présent le budget s'est ingénié à honorer ce poste. Même loin des caméras françaises, c'est toujours bon, donc, d'en voir aux bons endroits. Avec du Caesar, plusieurs unités peuvent prétendre aller fréquenter l'Irak (chaque brigade a son régiment qualifié). Problème, les obus de 155 français ne sont pas guidés (mais y a du cargo à revendre). Les américains pourraient faire la fine bouche.
Les Irakiens non, ils se souviennent des canons AUF2 français qui les ont aidés pendant leur guerre avec l'Iran. Cet AUF2 avait aussi été acheté par un autre client, au sud (toujours le même).
Avec du LRU, le plus puissant effecteur d'artillerie, on change de registre. La roquette est guidée par GPS (il faut que le signal soit bon), et vient impacter à environ 70 km maximum.
Problème, que les chefferies ont découvert, selon la distance de tir, il faut se soucier de ce qui vole par ailleurs (la déconfliction), or, on peut penser qu'au dessus de Mossoul, ca peut ressembler parfois à un mille-feuilles d'aéronefs. Dont tous, en plus, n'ont même pas pris la peine de remplir leur fiche pour l'ATO (la partition du concert aérien). Le LRU, ca fait rêver, mais il faut aussi compter avec un stock de roquettes minimal, très loin de celui qui était prévu à l'origine (le CEMAT Irastorza avait pesté à l'époque contre ces réductions). Et puis ce n'est pas très français. Faire la réclame d'un matériel américain, alors qu'on peut faire celle d'un Français.
Attendons de savoir, mais pour bien des raisons, je verrais plutôt du Caesar, éventuellement avec du LRU -sinon pourquoi l'avoir fait rentrer précipitamment de Barkhane, après avoir seulement tiré 18 roquettes ?-.
Pour tous ces effecteurs, il ne faudra pas que des équipes de tirs, mais aussi des gens capables de cibler, dans le même esprit que ce qui se passe pour les drones armés et chasseurs (le JTAC décide).
Sauf à ce que l'occupant quitte Mossoul, on peut s'attendre à quelques tirs d'obus tricolores (y a du stock), voire de roquettes américaines. La décision présidentielle enverra, de fait, les premiers soldats de la conventionnelle pas très loin de la ligne de front. Même si, c'est désormais difficile de l'ignorer, les forces spéciales les y ont précédé de plusieurs mois. Sans artillerie.
Cadence de tir, portée, capacité tous temps : le LRU a des atouts, mais aussi beaucoup de contraintes. Photo JMT
Soutien ou soutex ? On le saura, si les Caesar prennent déjà le chemin de l'Irak. Des Caesar sont déjà pré-positionnés aux EAU.