Aucun jeu de mots dans ce titre : la commission d'enquête parlementaire menée par Georges
Fennech (UMP) après les attentats de 2015 veut réduire le rôle de l'opération Sentinelle afin de la limiter à "la seule protection de certains points stratégiques". Aucun effectif, aucune explication ne vient éclairer ce choix, présenté dans la synthèse des propositions. Seulement deux sur 38 concernent directement le ministère de la défense.
L'autre concerne la systémisation de l'équipement en arme de poing, et la formation pour l'intervention en milieu clos. L'état-major de l'armée de terre a engagé la généralisation de l'arme de poing pour les personnels de l'infanterie (mais tous n'en disposent pas, c'est facile à vérifier...) dont on ignore, par ailleurs, la représentativité au sein de Sentinelle.
Pour la formation au milieu clos, c'est un peu la même logique, les fantassins disposent théoriquement d'un meilleur fond de sac dans ce domaine, comparé aux autres armes. Mais le combat en milieu clos est surtout une histoire d'unités spécialisées (formées et équipées pour cela), que d'unités conventionnelles. Et, on le sait, la formation continue est un peu la sacrifiée de l'opération Sentinelle. Donc, cette conviction des rapporteurs de la commission d'enquête est fondée.
On sait que la commission avait émis des doutes sur le bien-fondé de Sentinelle : pourquoi mettre des militaires en armes si, en cas de crise, leur présence et celle de leurs armes ne permettait pas de venir en appui direct des primo-intervenants de forces de sécurité intérieure au Bataclan ? Le DGGN a lui aussi émis des réserves sur la présence de Sentinelle, lors de l'intervention de Saint-Denis qui avait suivi, constatant que ces militaires faisaient du "maintien de l'ordre" ce jour-là. Cette observation, lisible dans le rapport sur les opint, est doublée d'une autre, le DGGN proposant que Sentinelle se charge de certaines missions tenues actuellement par les gendarmes mobiles (garde statiques, escortes), qui pourraient alors se concentrer sur leur coeur de métier. Un gendarme mobile présent le soir du Bataclan aurait par exemple eu la possibilité de rentrer dans la salle de spectacle y faire son métier, alors que les Sentinelle ont manifestement reçu l'ordre, ce soir là, de rester sur une posture périmétrique. Une position mal comprise, au ministère de l'Intérieur. Et sans doute, par les familles des victimes, et les blessés. D'autant qu'elle n'a pas vraiment été justifiée, pour l'instant.
On peut d'ailleurs s'étonner que le rapport (qui n'est pas encore disponible à la lecture), n'évoque pas plus explicitement cette limite, pas plus, semble-t-il, que le rôle que peuvent tenir les forces armées (conventionnelles comme spéciales) dans la lutte contre le terrorisme sur le territoire national.
Même encore après les attaques de 2015, des limites organisationnelles -et peut-être légales- subsistent dans ce domaine, il serait peut-être opportun de se pencher sur ces entraves. Avant la prochaine attaque, de préférence.