L'ancien CEMA l'a dit face aux députés, dont d'ailleurs certains (comme Gwendal Rouillard) l'ont
redit à la presse : 60% des véhicules de Barkhane ne sont pas protégés. Cela peut sembler étrange pour une guerre faite essentiellement d'attaques par mines et IED, qui ont tué proportionnellement plus de Français au Sahel qu'en Afghanistan.
Cet aveu peut sembler étrange : le général de Villiers l'a dit à plusieurs reprises, il est difficile de regarder dans les yeux un militaire dont on n'assure pas la protection en opérations. Cette protection ne peut être garantie à 100%, c'est le propre de la guerre, mais à 40%, on est assez loin du compte.
A Barkhane, en effet, on peut encore trouver les mêmes GBC180 -avec option frags sur les fenêtres ouvertes- les mêmes que le député Christophe Guilloteau avait photographié, avec fureur, en Afghanistan, après Uzbeen.
Dans les VAB on trouve encore nombre d'exemplaires pas tous jeunes, alors que des VAB Ultima (et Ultima Génie) ont été produits par dizaines. Et les VBCI, les véhicules les mieux protégés de l'armée de terre, ne sont qu'une poignée. Alors que 630 ont été produits : on n'en manque donc pas. Mais apparemment, il ne faut pas les risquer à la guerre ; à une époque, il semblait même plus urgent d'envoyer des Leclerc à leur place.
Il faut le rappeler, plusieurs mois d'explosions consécutives en 2015-2016 auront été nécessaires pour qu'enfin soit déployés les matériels anti-IED, les mêmes que ceux... de l'Afghanistan, qui dormaient dans l'est de la France alors que leurs servants, des sapeurs du 13e RG piaffaient de ne pouvoir aller aider leur potes au Sahel. Il n'y avait donc rien à acheter (pour une fois), seulement à expédier...
Seulement, on le sait, la facture des opex a été, de tous temps, mise sous enveloppe. Là où dans une entreprise, on trouve un CHSCT, des syndicats pour déplorer des conditions de travail, dans une armée en opérations, on ne trouve que l'envie... d'aller mener l'opération suivante. Cela ne veut pas dire que les militaires ne s'interrogent pas sur la pénurie de moyens avec laquelle ils doivent opérer.
Terminons sur cette question soulevée dans la masse de données diffusée par Wikileaks la semaine dernière (je n'atteste pas de la véracité des contenus de cet émetteur pour autant), une question déjà ancienne : l'affaire du Sahel vaut le coût (coup ?). Pas une allusion aux 20 morts et centaine de blessés, assurément, mais sur le ratio entre djihadistes tués et surcoûts opex. Mais c'est du stratégique, je laisse la réponse aux philosophes de la guerre ou de la non-guerre, aux rédacteurs de notes et autres prescripteurs de formats. Je les engage néanmoins, avant d'écrire, à aller passer quelques jours au contact des réalités : elles ont pu changer depuis leur dernier contact.
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