par le journaliste Jean-Marc Tanguy - Twitter @Defense137 - 9253 posts depuis avril 2009 - 81,92 millions de pages vues depuis juin 2010.
vendredi 24 avril 2009
Le Harfang disséqué dans les Landes
Le drone Harfang accidenté en Afghanistan (fin mars ou début avril, la date précise n'a pas été communiquée) est ausculté sous toutes les coutures depuis son retour en France, à Mont-de-Marsan (Landes). Retour que nous annoncions il y a déjà une semaine. Le centre d'expérimentations aériennes militaires (CEAM) qui conduit l'expérimentation du Harfang et son premier déploiement opérationnel, à Bagram, le fournisseur, EADS, la DGA et le SIAe (service industriel de l'aéronautique) doivent déterminer dans les meilleurs délais le niveau d'intégrité perdue par la cellule après sa série de montagnes russes dans le ciel de Bagram.
L'armée de l'Air ne sait pas encore précisément dans quelle mesure le drone a été atteint. Et ne connaît pas, non plus, l'enchaînement de causes qui a mené à cet incident aérien. Appremment, pour le moment, le BEA-D Air n'a pas ouvert d'enquête. La réduction à un case cochée ou pas dans la check list, comme l'évoquait récemment le Point semble "prématuré" et en tout cas "incomplet".
Comme nous le révélions dans un précédent post, l'AIA de Cuers (Var), qui dépend du SIAe est habilité à effectuer des réparations de dommage de combat sur le Harfang, mais pas forcément redresser des ailes gondolées.
L'autre enjeu, évidemment, est de déterminer les responsabilités, entre l'opérateur, l'armée de l'Air et son fournisseur, EADS. Le Harfang, issu de près de 7 ans de développement est un drone "totalement nouveau", comme l'assène régulièrement EADS, il n'est donc pas impossible que quelques bugs soient passés à travers des différents vols.
L'armée de l'Air ne découvre pas le sujet "drones", puisqu'elle a mené une longue expérimentation du Hunter, jusqu'en 2004. Mais cet engin était un tactique endurant (10 à 12 heures d'autonomie), avec une simple boule gyrostabilisée.
Sa gestion restait encore relativement simple, avec le Harfang, c'est une toute autre paire de manches. Une boule cinq voies, un radar à ouverture synthétique (SAR), une préparation de mission dense... EADS a conçu tous les systèmes en redondance, sauf le moteur, unique, lui.
L'armée de l'Air n'a pas caché qu'elle avait compressé tous les délais pour arriver au plus tôt, servir en imagerie, les fantassins français et de l'OTAN. Sans transiger sur l'expérimentation initiale, qui s'est réduite à la portion congrue.
De tous ces éléments sortira sans doute un fond de tableau expliquant l'incident. Le givre afghan aura fait le reste.
Nos photos : le Harfang de l'armée de l'Air(crédit JMT). La boule optronique à l'avant comporte cinq voies, dont une infrarouge, une optique (avec différents grossissements), et trois voies laser (télémétrie et désignation). Le nez bombé héberge l'hexapod, antenne satellite articulée révolutionnaire. Le SAR est logé sous le ventre, au niveau de l'emplanture des ailes.
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