vendredi 10 avril 2009

Un téléphone vert pour doper les exports mais...


La délégation générale pour l'armement (DGA) met en place un numéro de téléphone vert (0800 027 127, gratuit depuis un poste fixe) destiné aux PME de défense et de sécurité. Ce guichet unique téléphonique doit permettre aux 4.000 PME référencées comme exportant de mieux maîtriser les piliers du domaine, et en premier lieu, la législation.
Le volume qu'elles exporteraient directement oscillerait entre 100 et 150 millions d'euros, selon la DGA.
L'initiative s'inscrit dans les nouveaux rapports que la DGA entend nouer avec ses PME, avec, en toute honnêteté, quelques résultats tangibles, mais les témoignages des entreprises sont souvent, comme les faits... têtus et accablants. En fait, comme dirait Mulder, la vérité est ailleurs.
Une PME de la Drome, Surveycopter, a ainsi préféré installer une partie de sa matière grise et de ses ateliers en Suisse, car la législation export y est moins contraignante. D'autres PME, qui ne souhaitent être ni citées ni nommées, reconnaissent sans détours que la législation française est trop pénalisante. Et que la situation n'évolue guère dans les faits, malgré les déclarations d'intention du ministre de la Défense, qui a pourtant pris le problème à bras-le-corps.
Certains produits, dans le domaine optronique par exemple, sont trop vite assimilés à des technologies sensibles, et leur exportation est bridée, voire impossible. Il serait aussi très difficile de les simplement présenter dans des salons professionnels, pour les mêmes raisons.
Même les grands maîtres d'oeuvre sont sans pitié. L'un, en train de préparer son stand pour le prochain Bourget évoque l'autorisation préalable de la DGA pour meubler son espace. Et sait déjà qu'il ne pourra même pas exposer la maquette représentant l'un d'eux, pourtant emblématique de ses compétences (même si pour le coup, ce matériel est inexportable).
Un autre évoque le différentiel de traitement des demandes d'exports. "En cinq jours, on a une réponse en Grande-Bretagne, évoque ce spécialiste de la législation export d'un groupe français également basé outre-Manche. Pour la France, cela peut aller jusqu'à 10 fois plus..." Conséquence, c'est le produit, équivalent, de la gamme, fabriqué en Grande-Bretagne, qui a été vendu, et pas son pendant français, paradoxalement plus performant...

Notre photo : les minidrones Scorpio 4 de Surveycopter, vendus à l'export. Leur prédécesseur, le Scorpio 1B, est utilisé par le 1er RPIMa depuis 2004. (crédit : Surveycopter)