Alors que la partie la plus dure du covid-19 n'a pas encore frappé Mayotte, un des plus petits
régiments de l'armée de terre est engagé depuis deux mois au profit des habitants de l'île, notamment des plus défavorisés, en lui apportant un concours logistique, tout en devant la protéger contre des pillages (mission Résilience) et contre l'immigration illégale (mission permanente), des Comores voisines.
Dans le premier domaine, le détachement de légion étrangère à Mayotte (DLEM) a distribué des vivres dans les zones fragiles de l'île, qui ne peuvent, en outre, pas exercer leur activité habituelle de vente en plein air. Des distributions de pétrole lampaire ont aussi été organisées par la Légion étrangère.
Dans le deuxième domaine, le DLEM affiche sa présence dans les zones déterminées par l'autorité civile, afin d'éviter désordre et pillage. C'est une mission de dissuasion, d'observation et de report, et non d'intervention, l'apanage des forces de sécurité intérieure.
Enfin, dans le troisième domaine, il a intensifié ses patrouilles pédestres et motorisées, de nuit, et désormais, de jour.
Par rapport à son format natif, le DLEM a ajouté plusieurs couches. Sa compagnie permanente, un coeur Légion où chaque légionnaire tient deux à trois métiers différents, dispose en temps normal d'une compagnie tournante en MCD, actuellement du 2e RIMa. Du fait du contexte, elle est restée sur place un mois de plus. Elle a été renforcée, en outre, par des éléments de la 9e BIMa débarqués par le PHA Mistral, dès son premier arrêt. L'apport des véhicules déchargés par le Mistral est incontournable : P4 et TRM2000 renforcent le parc du DLEM, pas taillé pour assurer les missions demandées par Résilience.
Enfin, le DLEM a été renforcé par deux sections du 7e BCA, les éléments de la future relève de la compagnie tournante qui sont, pour l'instant, des renforts comme je l'avais expliqué il y a quelques jours.
Le RSMA de Mayotte propose des zones d'habitation (les cours des stagiaires ayant cessé...) au DLEM afin de permettre de gérer son explosion démographique. Les logements sont, en outre, mieux localisés au vu des besoins opérationnels.
Enfin, signe qu'à Paris on préfère être prêt plutôt que de subir, le CPCO a projeté une compagnie du 27e BCA de l'ENU vers La Réunion. Les deux Casa de l'escadron de transport 50 Réunion pouvant, en cas de problèmes, être utilisés pour une projection rapide.
Sauf aggravation rapide de la situation sanitaire ou sécuritaire, le prochain passage du PHA Mistral ne devrait pas intervenir avant la fin de la première semaine de mai comme signalé il y a quelques jours. Ce navire pourrait, au besoin, apporter le concours de ses hélicoptères, une denrée extrêmement rare dans la région.
Mayotte est, on le sait le début de la crise comme déjà noté ici, la zone la plus fragile de la République : concentration de misère et de population, structure sanitaires sous-capacitaires.
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