La présence de la presse parisienne hier sur la base aérienne de Cazaux (Gironde) a attiré la curiosité des gendarmes de l'air locaux. Arrivés en même temps que les photographes sur les parkings, deux représentants de la BGA locale sont repartis en même temps qu'eux. Mais interdiction d'y voir une forme de flicage : sur place, on explique que les gendarmes ne font que leur travail (en l'espèce, on ne voit pas très bien lequel).
Pour avoir une modeste expérience dans la presse (vingt ans), c'est tout de même la première fois que je fais des photos sous la surveillance de deux gendarmes. En général, ils prennent les photos en même temps que nous, mais plus près de la piste. Ou ils m'empêchent de rentrer sur la base, sans aucune base légale.
L'après-midi, dans le site nettement plus confidentiel de DGA Essais de Missiles à Biscarosse, les mêmes photographes, avec les mêmes appareils photos, ont travaillé sans la présence des gendarmes de l'armement., pourtant connus pour leur extrême rigueur. Ces photographes ont dû néanmoins, en quittant les lieux, signer un formulaire administratif qui les autorisait à prendre des photos ce jour-là. Explication livrée aux journalistes : la croissance de la "judiciarisation".
Ces évènements, qui peuvent sembler anodins, ne le sont pourtant pas, car ils s'inscrivent dans un contexte un peu schizophrénique. Celui qui, par exemple, amenait le commandement de la base aérienne 117 de Balard à enregistrer depuis une date indéfinie les flux des entrées des journalistes sur sa base (a-t-on averti la CNIL), et à faire remonter immédiatement toute entrée d'un journaliste. Depuis que je me suis étonné d'un tel dispositif de flicage, début septembre, on m'a expliqué qu'un tel dispositif a été "allégé", en ajoutant par ailleurs qu'il avait été mis en place dans l'optique du "Balardgone". Il perdurerait pourtant sur d'autres bases aériennes.
Evidemment, tout cela casse un peu l'image d'armée moderne que l'armée de l'air cherche à véhiculer avec sa campagne de recrutement. Au moins, les postulants sont prévenus : pour faire voler des avions, on n'a pas forcément besoin que de discernement.