Grande utilisatrice des opérations d'information en Afghanistan (1), la France ne semble pas avoir été en pointe en Libye. C'est, en fait, au niveau de l'OTAN que l'affaire a été gérée.
Les opérations d'information ne veulent pas dire que les militaires trouvent utile d'expliquer leur travail aux journalistes et les accueuillent sur leurs bases ou leurs bateaux (c'est tout le contraire...) mais qu'on utilise des moyens diversifiés pour agir sur les perception de l'adversaire et de la population pour les retourner comme des crêpes.
Le général Vincent Tesnière, n°2 à Poggio Renatico, l'a bien expliqué hier, la difficulté en Libye était bien d'identifier l'adversaire. N'empêche, comme il l'a lui-même reconu, l'Alliance a eu recours à des bombardements des tracts, et des diffusions d'émissions (radio, voire peut-être télévisées). Des actions sur les réseaux sociaux, le basique OTAN qu'on apprend désormais même aux officiers communication lors de stages OTAN en Allemagne, ont également sans doute fait partie du package.
Même si cela peut prêter à sourire, ces OI ont leur importance car elles accompagnent l'usage de la force, l'expliquent, et contribuent, au moins, à semer le doute.
Evidemment, on ne voit plus trop le rapport avec la résolution de l'ONU, car un tract n'a jamais protégé une population. Sauf si les tracts en question expliquaient par exemple à la population qu'il valait mieux éviter de rester à côté des batteries d'artillerie, en badauds, car elles finiraient par être détruites.
(1) rappelons, entre autres, la radio montée par la Task Force La Fayette à Nijrab, et des 4x3 qui ont fleuri en Kapisa. Ce blog a déjà écrit sur ce sujet un peu tabou chez nous, ou presque.