En réaction à mon post sur le Javelin, l'état-major de l'armée de terre, qui a acheté cette arme, me transmet les éléments suivants. C'est un exercice assez convenu, aussi ai-je accompagné ces transmissions, mises entre guillemets et en italique, de quelques éléments supplémentaires, que j'ai mis en gras.
"Le non-emploi de ces missiles depuis leur projection s'explique par le fait que l'essentiel des combats se déroule en zone verte et que les distances entre les troupes françaises et afghanes et les insurgés lors des contacts sont de quelques dizaines de mètres". Il faut donc comprendre de cette explication que le Javelin n'a pas le droit d'être tiré dans les zones vertes (les insurgés vont se féliciter de cet aveu), alors que le Milan, un missile de quarante ans d'âge, lui, peut le faire. L'argument de la zone verte est un faux argument : la preuve, très régulièrement, des tirs d'infanterie à longue distance y sont menés par des modes d'action diversifiés (1). On en revient à la difficulté de l'autodirecteur du missile Javelin à accrocher des cibles humaines. L'insurgé afghan n'est pas, mais on le sait déjà, aussi collaboratif que le T-72.
L'EMAT ajoute : "Ce missile n'a en outre pas de problème de batteries". Et si : la brièveté de leur fonctionnement, ce qui pour un opérateur, est un vrai problème. Surtout quand les batteries sont, comme les missiles, en nombre limité.
Je suis en outre assez troublé que la communication de l'armée de terre réponde à des informations factuelles que se déroulent en Afghanistan, la règle étant que c'est l'EMA qui a la main sur la communication opérationnelle. Dans la période de schizophrénie que nous vivons depuis quelques mois dans la communication des armées, plus rien ne m'étonne.
(1) on peut même rappeler que les tirs en zone verte n'avaient pas la moindre limitation le mois dernier, quand des légionnaires ont été pris sous le feu de leurs propres appuis, avec la mort de l'un d'eux, et les blessures infligées à plusieurs autres. C'était bien, comme on l'a su par la suite, en zone verte, avec sans doute très peu de distance avec les insurgés.