Le colonel Jean-François Martini, qui avait livré son témoignage de terrain comme superviseur des OMLT françaises d'avril à novembre 2009 face à la presse de défense, en janvier, a à nouveau été commis d'office, face aux députés, le 10 février. Ce type de témoignage, jusqu'alors peu courant, est poussé par certains responsables des armées, notamment dans l'armée de terre, afin de mieux faire percevoir certaines réalités aux relais d'opinion et d'occuper le terrain médiatique de l'Afghanistan.
Premières de ces réalités, la rémunération des insurgés, bien connue, mais pas toujours chiffrée. Le patron des OMLT relève ainsi que 80% de ces derniers sont des "contractuels". Dans le type de contrats réalisables, on trouve la participation à une pose d'IED, réglée entre 100 et 200 dollars. On apprend aussi qu'une bande insurgée compte en moyenne entre trois et 20 soldats.
La deuxième réalité porte sur les effectifs encore limités de l'ANA : "pour mener une lutte contre-insurrectionnelle efficace, on estime qu'il faut disposer d'un soldat pour 50 habitants, constate l'officier. Dans les régions du Wardak et du Logar, le ratio n'était que de 0,45 soldat pour 50 habitants. Faute de moyens, nous étions contraints de faire des choix en nous concentrant sur certaines zones de population".
Le colonel éclaire aussi le travail des OMLT. L'entraînement et l'accompagnement au combat comptent pour 70% du temps, le solde étant constitué par le L du sigle, la liaison, c'est-à-dire planifier des opérations avec les différents niveaux de l'ANA, et les forces de l'ISAF opérant dans la zone.
Enfin, il confirme la nécessité de développer les POMLT, domaine dans lequel la gendarmerie est en pointe, avec quatre unités en Surobi et en Kapisa, ainsi qu'une petite cellule de mentoring du QG, à Mahmud-e-Raqi. Mais ces succès ne se retrouvent pas partout, constate-t-il : "Les relations entre l'ANA et l'ANP sont mauvaises, l'armée s'efforçant de servir l'Etat lorsque certains policiers s'enrichissent particulièrement vite. Un grand nombre de mafieux se retrouvent au sein de l'ANP. Il a donc été décidé, au cours des mois de novembre et décembre derniers, d'accentuer les efforts en faveur de la formation. On avait pu constater au mois d'août précédent que la tentative de lever rapidement et sans véritable formation un grand nombre de policiers s'était soldée par un échec".