C'est le député Christian Ménard, auteur d'un rapport d'information sur la piraterie, qui nous l'apprend sur son site internet : des réservistes opérationnels pourront désormais faire partie des équipes de protection embarquée (EPE). La possibilité a été ouverte par une récente décision d'Hervé Morin passée inaperçue.
Concrètement, le recours aux réservistes reste un recours ultime, si, par exemple, l'emploi des marins d'active s'avérait insuffisant à armer le dispositif des EPE.
Une telle situation, qui de prime abord semble assez hypothétique, ne doit pas être balayée du revers de la main, pour autant. Notamment parce que la population de fusiliers ne comporte pas des effectifs excessifs, et que celle des commandos ne chôme pas, entre les théâtres terrestres (on vous laisse deviner) et maritimes (lutte contre le narcotrafic). Une part non négligeable de l'effectif est également en permanence dans un cycle opérationnel, à Djibouti (commando Arta), ou, en métropole, dans une forme d'astreinte liée, par exemple au contre-terrorisme maritime (CTM).
Une situation de surchauffe pourrait donc être générée par une nouvelle augmentation du nombre d'EPE, ou la prolongation du mandat d'Orthongel, opération de protection des thoniers. Cette opération a déjà été prolongée trois fois depuis son lancement, en juin dernier. Elle mobilise, selon les estimations, entre 50 et 70 marins. Les EPE Orthongel comprennent, contrairement aux EPE qui avait protégé les navires du programme alimentaire mondial (PAM), une population mixte de commandos, fusiliers et membres des équipes de visites venus de la force d'action navale (ALFAN). Ce qui a permis, jusqu'à maintenant, de faire fonctionner le système.
Post-scriptum :
Cette possibilité bute sur quelques réalités, dont la première est évidemment budgétaire, les crédits de la réserve n'étant pas appelés à connaître une brutale expansion. Deuxième problème, la nécessaire formation aux méthodes des EPE : les premières d'Orthongel ont été mises au carat lors d'un bref "fit" d'une semaine, à la fin du printemps, à Lorient (cf Raids de décembre), mais la "mise aux normes" d'un réserviste, même très entraîné, poserait a priori plus de temps. Surtout dans une mission qui ne supporte pas (comme bien d'autres) la moindre erreur.
La troisième difficulté est évidemment liée à la durée des missions, qui peuvent s'étaler sur plusieurs mois. Pas forcément compatibles avec tous les emplois du temps de réservistes...