Arrivés ensemble, partis ensemble. La formule qui faisait bon genre jusqu'à maintenant entre Européens va peut-être faire florès, mais dans un sens inattendu, amenant tous les gros contributeurs de l'ISAF à anticiper leur retrait dans la foulée du retrait français. Dans l'édition dominicale d'El Pais (2), le ministre de la Défense, Pedro Morenés évoque sans retenue cette hypothèse : "On peut accélérer. Tout dépendra du rythme du transfert de responsabilité aux autorités afghanes, et il ne faudra pas que cela fasse peser plus de risques sur les troupes. Tout repli doit être ordonné et avec la tranquilité d'avoir rempli la mission".
Actuellement, l'Espagne dispose de 1500 soldats en Afghanistan, et elle avait déjà prévu d'en retirer 10% en 2012, et encore 40% en 2013, et le solde en 2014. A ce stade, le ministre confirme qu'il n'y a pas de projet financé pour rester au-delà car "tout est sujet à la situation économique de l'Espagne qui n'est pas bonne" (1).
Pas plus enclin à financer les ANSF, le ministre déclare reconnaît qu'on lui a demandé 30 MEUR dans ce but. "Mais nous devons voir si nous pouvons le faire, quelles sont nos possibilités".
La rigueur budgétaire est en train de réussir ce que n'avait pas fait la Kalach des insurgés afghans.
(1) constat que dresse aujourd'hui le quotidien français Le Monde pour nombre de contributeurs à l'ISAF.
(2) dans cette longue interview d'une page et demie, le ministre élude aussi la réponse sur l'attaque d'Atalante le 15 mai sur une base de pirates, en Somalie : "nous sommes dans une coalition. Assurer la participation à une action spécifique est contre-productive et inélégante". Si l'on part du principe que cette phrase est une négation d'une action espagnole ce jour-là, il reste peu de monde capable et déterminé militairement pour mener une telle action. Comme il est évident que la reconnaître, c'est s'assurer des représailles sur des ressortissants, ou des intérêts flottants.