La notion de militaires décrits comme "non-combattants", pérénisée de la présidence précédente, n'a aucun sens, si on la confronte quelques secondes à la réalité afghane, où il n'y a ni avant, ni arrière : 15 des 83 morts d'Afghanistan sont des OMLT, classés dans ces "non-combattants". Rappelons que les sept derniers morts français sont précisément des OMLT... tués par les soldats afghans qu'ils formaient (1). Même les cantonner dans une FOB ou un camp -ce qui n'aurait pas de sens- est donc aussi risqué que de les faire sortir avec l'ANA. A plusieurs reprises, les POMLT (gendarmes) ont échappé à la mort par miracle, lors d'attaques à l'IED.
Rappelons aussi que 18 des 83 morts d'Afghanistan ne sont pas morts des IED et balles insurgés, mais de la piètre qualité du réseau routier (7 morts), de facteurs environnementaux (3), ou de manipulations d'armes (3).
Même si cette distinction sémantique est aussi destinée à faire croire que les morts vont s'arrêter, rien ne permet aujourd'hui, de pouvoir le garantir pour les formateurs, quel que soit leur statut.
S'il reste bien 1.000 soldats français en Afghanistan (2) après la fin de l'année (ce n'est que 1.600 de moins que ce qui était prévu...), ils resteront exposés, comme on l'a déjà écrit ici, aux attaques de kamikazes et de chicom. Et d'IED : pour amener le matériel de la zone de Warehouse à KAIA (3), il faut parcourir plusieurs kilomètres potentiellement tout aussi risqués qu'en Surobi ou en Kaipsa.
Rappelons que la précédente administration avait prévu de laisser, fin 2012, 1.200 personnels classés non-combattants (et 1.400 "combattants"). Le changement est donc difficile à discerner.
Et d'autant plus que dans les prévisions de la précédente administration, Tagab devait être rendu en septembre 2012 -certains parlaient même de juillet...-, et Tora devait suivre dans la foulée. Déjà, Nijrab est vidé de l'état-major de la TFLF, qui consomme de nombreux KC20. Rendre ces trois sites aux Afghans d'ici la fin de l'année n'a donc rien d'une gageure (4).
Preuve de l'instabilité de l'exercice de ce matin, la Défense ne devrait pas apporter de nouveaux détails avant le point presse de son ministre, jeudi en fin d'après-midi.
(1) la même mésaventure pouvant arriver aux formateurs d'Epidote, ou des gendarmes présents en Wardak.
(2) à ce stade, on ne dispose pas de décompte de ce millier de "non-combattants", même si des hélicoptères et des moyens médicaux sont évoqués. A première vue, cela semble beaucoup pour garder du matériel, le convoyer entre Warehouse et KAIA, et former des afghans. Il va aussi sans dire qu'abandonner les missions combattantes devrait aussi nous amener à sortir des opérations de planification et de conduites des combats, à l'état-major de l'ISAF, où le CEM est un Français.
(3) où la zone de stockage française est particulièrement réduite.
(4) les attaques sont assez rares sur la Nijrab-Kaboul, ce qui n'est pas forcément le cas sur la Tagab-Nijrab. En tout cas, quand on ne paye pas.