L'EMA l'avait reconnu, lors d'un point presse : il fallait pouvoir répondre à toute accélération du calendrier de retrait. Avec l'élection de François Hollande, c'est donc bien ce qui arrive, avec une date-butoir réitérée : un retrait total des forces combattantes d'ici la fin de l'année.
Conséquence directe, pour les troupes qui devaient partir, en 2013, et qui ne partiront plus. Vu la date, il pourrait même ne pas y avoir de traditionnelle relève de milieu d'automne.
Si l'on suit ce raisonnement, il va donc falloir rapatrier les trois Mirage 2000D de Kandahar (le plus facile, les avions volent, et le matériel peut être gavé dans les transporteurs qui posent à une centaine de mètres...) et les 100 aviateurs qui vont avec, la totalité de la brigade La Fayette (2.400 hommes), hélicoptères compris. Il restera néanmoins plusieurs centaines de militaires : soutien santé, spécialistes de la logistique.
Il faut se rappeler que plusieurs axes de sortie existent pour le matériel : l'avion (jusqu'aux Emirats arabes unis, depuis Kaboul ou Bagram), ou le rail, vers le nord. On évoque la mobilisation des premiers A400M pour contribuer à désengorger le dispositif français.
Il faut rappeler que les aires de stockage sûr manquent, à Bagram ou à Warehouse (et ensuite, il faut encore convoyer jusqu'à l'aéroport), tout comme les avions gros porteurs, que leurs propriétaires louent à prix d'or.
Sur le terrain, la séquence de démontage a été bien entamée depuis plusieurs mois : tous les COP ont été évacués, et la France n'a plus que trois emprises principales (et quelques sites minimes) hors des sites de Kaboul (KAIA, Warehouse, Camp Phoenix) : Nijrab, Tagab, Tora. Tagab, pillonée est évidemment la plus exposée, et sera logiquement évacuée la première.
Le BG Acier qui arrive sur le théâtre avait prévu de rendre cette FOB dans l'été (entre juillet et septembre), cette date sera peut-être même avancée. Le maintien de Tora, avec 400 hommes ne se justifie plus non plus, sauf à ce qu'on décide de faire passer à côté une partie des convois. Ainsi, en quelques semaines, un millier d'hommes peuvent quitter l'Afghanistan.
En tout état de cause, il ne devrait plus y avoir d'opérations de combat, au-delà de la stricte préservation des FOB, et des convois, dont le rythme va devoir s'intensifier, ce qui présente, il ne faut pas le nier, des risques importants dans la saison où les insurgés sont les plus entreprenants. La sécurité impose de procéder assez rapidement, les insurgés étant aussi branchés sur l'actualité française.