Tout se sait finalement toujours à un moment ou à un autre, comme le confirme une info diffusée sur le blog Secret Défense, évoquant le tarponnage d'une équipe du GIGN à la mer, en face de la Libye. Néanmoins, cette opération serait intervenue en début de semaine -lundi ou mardi- et non samedi, comme l'évoque le confrère, avant qu'ils ne rallient par parachute une frégate de la marine, au terme de plusieurs sauts de puce.
C'est bien samedi, par contre, qu'une demi-douzaine de gendarmes de la force de protection (qui recouvre le champ opérationnel de l'EPIGN, dissous en 2007 dans le GIGN) ont quitté leur base de Satory, Yvelines, empruntant vraisemblablement leur avion militaire à Vilacoublay.
Un mode d'infiltration qui interroge les meilleurs spécialistes du domaine, l'un d'eux n'hésitant même pas à évoquer la volonté de chatouiller la sensibilité des commandos marine, qui sont, en France, à l'origine du tarpon. Ces derniers sont mêmes les premiers à l'avoir mis en oeuvre, pour infiltrer un médecin sur un SNA, et déposer un groupe, en préalable à une interception d'un cargo chargé de drogue, au large de l'Afrique.
C'est l'armée de l'air qui a effectué ce largage : tous les avions de transport tactique peuvent le faire, même si, par construction, c'est en général l'apanage de l'escadron de transport 3.61 Poitou, qui dépend du COS. C'est cependant l'ETOM de Djibouti, et non le 3.61, qui avait tarponné le GIGN et les commandos marine, en 2008, lors de l'opération Thalatine. Le tarponnage a bénéficié d'un recueil en mer : c'est de là qu'il a rejoint Benghazi, ce qui est possible par voie maritime (les gendarmes de l'EPIGN ont aussi des qualités en milieu nautique) ou par un héliportage. On trouve dans le groupe aéronaval français tous les moyens pour faire l'un et l'autre.
On ignore pourquoi un tarponnage a été recquis, et s'il n'aurait pas été plus simple de parachuter les gendrmes directement sur la terre ferme, sur un point de recueil qui semble exister, de toute façon.
Le tarponnage des gendarmes d'élite est lié à la protection du représentant français à Benghazi, arrivé, dit-on, par voie routière. Deux autres gendarmes du GIGN accompagnaient le diplomate dans son voyage. Cet engagement du GIGN sur des missions de protection à l'étranger est chose courante. Une équipe veille depuis novembre dernier sur l'ambassadeur en Côte d'Ivoire, et en Irak. Les gendarmes issus de l'EPIGN ont une culture particulièrement rustique et guerrière : en 2004, ils avaient empêché la prise de l'ambassade d'Abidjan par une foule en délire. Ils avaient aussi et entre autres évité de gros soucis à un des nos ambassadeurs en Afrique, en 1997.
L'engagement du GIGN avait été évoqué, en début de crise libyenne, mais pour le besoin ponctuel du moment, une autre solution avait été trouvée.