"Bruno" va rejoindre Huguette, Dominique, Anne-Marie, Isabelle, Béatrice, des collines qui faisaient la une de la presse il y a 56 ans, et qu'on a oublié, depuis : on vient de l'apprendre, les cendres du général Bigeard seront dispersées au-dessus de la cuvette de Dien Bien Phû, où 5.000 combattants français ont péri, en 1954.
Plutôt que de lire les larmes de crocodile de ceux qui condamnaient la bigeardisation de l'armée française, je conseille à vos yeux l'article, et l'éditorial ("le connétable et le centurion") qu'Etienne de Montéty consacre à un soldat de légende, dans Le Figaro. Le confrère effectue un parallèle entre De Gaulle et Bigeard : "officiers de carrière dans un siècle placé sous le signe de Mars, ils eurent pour principal mérite d'avoir su transmuer des défaites en victoires. 1940, 1954, des défaites, ils ont fait des leçons pour l'avenir. L'un comme l'autre n'hésitèrent pas le moment venu à entrer en politique, au risque d'écorner, de caricaturer leur prestige de soldats (...) Et surtout, ces hommes de l'ancien temps avaient compris, d'instinct, que tout geste requiert une théâtralité, un art parfois grandiloquent du "faire savoir", afin d'insuffler à l'auditoire, que ce soit la troupe ou le pays, audace et enthousiasme".
Un style que beaucoup auront, effectivement, tenté de plagier, sans jamais réussir à l'approcher.