L'état-major, à Paris, a bruissé, ces dernières 48 heures, d'une sourde colère, qui ne va sans doute pas contribuer à resserrer les liens déjà plus que distendus entre militaires et journalistes. En cause, des photos prises par un photographe, pendant l'opération qui a vu mourir un GCP du 2e REP, le sergent-chef Konrad Rygiel, alors que trois autres GCP étaient blessés, le 7 juin, en Afghanistan. Paris-Match publie demain un reportage sur ce sujet.
Certaines des photos proposées à l'hebdomadaire ces derniers jours ont été jugées, à Paris, non conformes aux règles des embeds (reportage parmi les soldats) pratiquées en Afghanistan.
L'ISAF, tout comme l'état-major des armées (EMA), prohibe de prendre des photos de militaires tués ou blessés. Comme ce blog l'a déjà expliqué, ces deux organisations imposent aux journalistes de signer des documents très explicites, avant de commencer tout embed. Il est donc très difficile, par la suite, de prétendre ne pas avoir eu connaissance de ces règles, qui ne sont pas contraignantes, d'ailleurs, que sur ces points précis.
L'hebdomadaire diffusera dans son numéro de demain des photos pour lesquelles des précautions particulières ont été prises. Certaines photos proposées n'ont pas été publiées non plus. Ces arbitrages et précautions, aux motivations souvent très diverses, sont courants dans la presse.
On voit mal, cependant, comment cette affaire, un de plus qui laissera des traces, pourrait se conclure, sans sanction, contre le photographe et son employeur. Voire même contre Paris-Match qui a déjà, à plusieurs reprises, irrité les militaires. Ceux du commandement des opérations spéciales (COS), quand le journal avait diffusé des photos prises à Spin Boldak. Ou plus récemment, en diffusant des photos de talibans porteurs d'"effets personnels pris sur les paras français, à Uzbeen, le 18 août 2008.
Pour être totalement impartial, il faut expliquer que ces sujets, qui choquent souvent les militaires, divisent également les journalistes eux-mêmes.
Hervé Morin avait expliqué, le mois dernier, sa volonté de mettre autour de la même table les journalistes et ses spécialistes de la communication opérationnelle, pour faire progresser la couverture des opérations extérieures. Un projet qui n'a pas, jusqu'à maintenant, vraiment été suivi d'effets.