Après plusieurs mois de travail des diplomates, dont l'incontournable Bernard Bajolet, l'homme de Kaboul, mais aussi d'une députée UMP spécialiste de l'Afghanistan, Françoise Hostalier, le traité d'amitié franco-afghane devrait être signé dans les premiers mois de 2012. Un traité, cela peut faire gadget par les temps qui courent, mais l'histoire récente de l'Afghanistan a été écrite, aussi, avec le sang des 78 soldats français : cela mérite donc qu'on structure nos relations avec ce pays pour qu'ils ne soient précisément pas morts pour rien.
Après 2014, mis à part quelques instructeurs, il ne devrait pas y avoir foison de militaires (1). Mais les gendarmes ont réussi à démontrer -y compris aux Américains- la globalité de leur démarche opérationnelle, au quotidien. Ce sont les grands gagnants du modèle français en Afghanistan : leur présence pourrait prendre d'autres formes, dans la foulée du traité. Alors qu'un peu moins de 200 gendarmes -leur contigent a été réduit- assurent encore des missions de mentoring, de formation et d'appui au profit de la police afghane. La gendarmerie française assure la gestion d'une école de formation, en Wardak. Et les profils de cadres envoyés sur place depuis 2009 - y compris un ancien numéro 2 du GIGN- permettent de mesurer la part qu'à pris l'Afghanistan dans les missions opex de la gendarmerie.
Economiquement, la France n'a toujours pas débarqué en Afghanistan, contrairement aux principaux contributeurs de l'ISAF qui, comme en Bosnie, au Kosovo, ont amené dans leurs valises des hommes d'affaires déguisés en réservistes. Ces businessmen n'ont apparemment pas les inquiétudes que nourrissent nos concurrents et néanmoins alliés. La période est critique (une façon de dire qu'il est trop tard) alors que la diaspora afghane hésite, elle, entre injecter plus de fonds dans le pays pour le sortir définitivement du moyen-âge... et sortir ses actifs du pays, avant que les talibans ne s'en saisissent.
Un vrai travail de fond reste à faire, les Français jouissant d'un réel crédit, du fait d'une certaine antériorité dans le pays : les French doctors, les agents de la DGSE, et les "volontaires" des années 80, les afghans un peu éduqués connaissent tout cela sur le bout des ongles.
Une partie du personnel politique afghan a aussi un vrai tropisme français. De quoi permettre à ce traité de consolider un peu plus notre relation à l'Afghanistan, pour l'arrimer un peu moins du côté obscur.
(1) quoique ce ne soit pas le centre du traité, plusieurs dossiers figurent en marge. D'abord, les matériels et moyens que l'on pourrait transférer aux afghans. Mais comme ce blog l'a déjà expliqué, les FOB françaises, au standard de confort européen, sont trop coûteuses à entretenir pour les standards afghans. L'ANA a d'ailleurs construit ses propres FOB. Il y a une vrai interrogation sur ce qu'on fera de nos bases, à commencer par celle de Tora, trop grande. L'ANA s'est d'ailleurs installée à côté, dans un gros COP.
Autre dossier, à peu près autant réglé, celui du matériel : pour s'économiser quelques euros, la tentation serait d'en laisser sur place, mais les afghans, déjà bien gâtés les Américains, ne courent pas derrière nos VAB, VBL et P4... dont le soutien, typiquement français, aurait réclamé des stocks importants de pièces.