Le soldat du kandak 36 -et non 33 comme je l'ai écrit- de l'ANA qui a tué froidement deux sous-officiers du 2e REG a vraisemblablement prémédité son coup, même s'il n'avait pas forcément déterminé à l'avance le moment précis où il passerait à l'acte. Le jour même, l'EMA avait évoqué une action "d'opportunité", sans en dire plus. Selon un témoignage, le DLAS, qui fortifiait sa position au moment des tirs, avait cheminé, avant, et certains militaires avaient ôté leur gilet pare-balles. C'est peut-être cet élément qui a poussé le tireur à agir à ce moment précis.
C'est aussi le moment où les Français confectionnaient des sacs de sable, donc sans les armes à la main. Ce qui repose la question du caractère obligatoire d'une double dotation, qui avait pourtant été tranché après Uzbeen : un premier lot de PAMASG1 avait été récupéré de la gendarmerie, et des holsters acquis. Mais cette dotation n'a semble-t-il pas été généralisée.
Voilà pour le contexte dans lequel le tireur a agi.
Le soldat avait rejoint l'ANA il y a quatre ans, ce qui ne permet pas de trancher sur son statut d'infiltré, de "retourné" ou de contraint. En Afghanistan comme partout ailleurs dans le monde, il n'est pas très difficile, en contraignant la famille, d'obtenir ce qu'on veut.
En tout état de cause, l'homme avait prévu de mourir, ce jour-là, c'est ce qui permet de qualifier la préméditation. Sous son uniforme, il était vêtu de blanc, et fraîchement rasé.