Le député (UMP) du Rhône Christophe Guilloteau avait fait partie des cinq parlementaires (1) partis pour l'Afghanistan, dans l'immédiat après-Uzbeen. Il avait ensuite été désigné par la comission de la Défense comme rapporteur sur le projet de création d'une commission d'enquête, demandée par le communiste Jean-Jacques Candelier. Il vient de nous confier ses arguments contre une enquête de la justice sur les évènements d'Uzbeen : "J'ai fait partie des cinq députés qui sont partis pour l'Afghanistan, après Uzbeen. Nous avons rencontrés les frères d'armes des blessés et des morts, leurs chefs, et les explications nous ont paru plausibles. J'avais surtout noté, à l'époque, le déficit de protection balistique des camions logistiques, ce qui n'était pas normal, et qui a été réglé par la suite. Mais aussi et surtout, le manque d'hélicoptères de combat, puisqu'il n'y avait que deux Caracal de l'armée de l'air. Revenus en France, nous avons pu aborder ces carences avec le Premier Ministre, qui a fait en sorte d'envoyer en Afghanistan, rapidement, des hélicoptères Caracal et Gazelle, ainsi que des drones.
L'information d'aujourd'hui me surprend beaucoup. L'engagement militaire ne peut pas se limiter au défilé du 14 juillet, et on sait que cet engagement expose à des risques. Mais ce qui me gêne est que l'enquête sera forcément difficile à mener : une reconstitution est impossible, on ne va pas demander aux insurgés de refaire les gestes de cette journée (2). Et une enquête de ce type ne peut être menée depuis un bureau, à Paris, à seulement entendre des communications radio de l'époque, ou quelques militaires, dont la plupart ont d'ailleurs quitté l'armée depuis. Le traitement de la justice ne sera donc pas équitable."
(1) dont Guy Tessier, Françoise Olivier-Coupeau, Philippe Cochet.
(2) le général Benoît Puga, alors sous-chef opérations de l'EMA, avait, dans un point presse, laissé entendre que les insurgés impliqués dans cette attaque avaient été neutralisés par la suite.