Un GI capte l'iris d'un afghan (photo : US Army).
Selon le Mindef, le soldat afghan qui a tiré vendredi, tuant quatre soldats français et en en blessant quinze autres était un "taliban infiltré". Abdul Mansour n'a pourtant que 21 ans, et avait déjà été soldat dans l'ANA dont il a déserté, avant d'y revenir. Rien sur ses motivations, par contre.
Le ministre français, qui semble désormais être sur une ligne coopérative avec les forces afghanes, a défendu l'apport de la biométrie, pour mieux distinguer les bons des méchants afghans. Il a également suggéré que les militaires français ne soient plus, désormais, sans armes. Une décision qui aurait dû être prise bien plus tôt, les alertes sur des risques d'infiltration courant depuis des mois. Et l'attaque du 28 décembre aurait dû achever la prise de conscience.
Ce blog avait révélé, en outre, qu'à l'automne les troupes françaises avaient même appris qu'une trentaine d'insurgés évoluaient dans leur zone, en uniforme afghan.
En ce qui concerne la biométrie, cet outil est déjà massivement utilisé en Afghanistan, par les américains (terminal HIIDE), mais aussi par les forces françaises, depuis 2008. Elle est aussi utilisée à l'entrée dans le cycle de formation des unités d'élites, comme les forces spéciales de l'ANA, ou la garde prétorienne de Karzaï, pour dépister les insurgés.
Mais, faut-il le rappeler, la biométrie ne prend que des éléments sur un suspect (iris, empreintes digitales) et les compare à une base de données. Si celle-ci n'est pas renseignée et suffisamment large, cela ne sert strictement à rien. On parle d'un pays dans lequel la carte d'identité n'existe pas : les fichiers sont donc plutôt maigres (même si les fichiers biométriques sont montés en flèche depuis l'an dernier). Et les homonymies très courantes.
Dans le cas présent, à supposer qu'Abdul Mansour ait été biométrisé lors de son premier séjour dans l'ANA, son retour dans l'ANA aurait certes déclenché une alarme. Mais cela n'aurait pas empêché le tireur du 28 décembre, dans l'ANA depuis des années, de passer au travers. Et d'accomplir sa besogne.
Attribuer trop d'importance à la biométrie est donc imprudence (1) : ce qui n'est qu'un outil ne jouera que sur la durée, et au moment où elle sera efficace, il n'y aura plus de soldats français en Afghanistan.
(1) assez typique des américains : on laisse faire la technologie, en négligeant le renseignement humain qui est pourtant la base de la contre-ingérence.