Même si les veilles de scrutin sont favorables aux promesses les plus farfelues, la logistique doit nous ramener les pieds sur terre : il sera impossible de rapatrier les troupes françaises et leur matériel d'ici la fin de l'année 2012.
Et encore moins si la décision n'était prise qu'au printemps (soit dans six mois), par un gouvernement de gauche, au lendemain d'une victoire aux présidentielles.
Le cadencement actuel des convois logistiques permet en effet tout juste de ravitailler les FOB et COP (ces derniers sont en train de disparaître). Au retour, les convois peuvent tout juste ramener l'inutile vers Kaboul. Pour désengager ne serait-ce que les centaines de KC20 présents sur les FOB afghanes, il faudrait... deux ans et demi de convois, au rythme actuel. Et en ne faisant que cela.
Pour aller plus vite, il faudrait plus de tringlots, plus de camions logistiques, et... plus de fantassins pour protéger les convois. Et même si on renvoie aux pays les fantassins, les sapeurs, les cavaliers, il faudra des tringlots pour les fameux convois... et tout ce qui précède pour sécuriser les axes. Bref, il restera des Français, bien au-delà de 2012, dans tous les cas de figure, n'en déplaise aux faiseurs de promesses.
Mais alors, dira-t-on, "laissons tout sur place" ! Encore une fausse bonne idée : les Américains, qui sont nos patrons en Afghanistan s'opposent à ce qu'on laisse tout ce qui pourrait être réutilisé par les talibans. Les consignes sont de tout faire sauter, ce que les Français ont scrupuleusement respecté, en juillet, après avoir quitté nuitamment un COP pilloné par les insurgés.
Les Afghans eux-mêmes ne veulent pas de nos FOB, qui ont été construites aux normes françaises, et sont donc trop coûteuses à entretenir. Les... Américains ont construit en parallèle des FOB pour les Afghans, dans lesquelles l'ANA (se) cantonne.