Le pouvoir du storytelling dans les sociétés modernes : on a appris ce soir que la France serait (presque) partie d'Afghanistan fin 2013, sans qu'on exclue (logiquement) que des conseillers restent sur place, en application du traité franco-afghan. C'est, pour les commentateurs, et l'émetteur (le président), un avancement de la date du retrait (1). Plus correctement, on parlera d'accélération du rythme de retrait, sans changement sur la date finale.
Car la date de la fin 2013 avait déjà été avancée par le ministre de la défense. Certes, c'est le miracle des sociétés modernes, tout le monde l'a déjà oublié, mais comme cette date avait déjà été donnée, il est donc inexact, ce soir, de parler de retrait avancé.
Puisque les derniers soldats quitteront l'Afghanistan à la date... déjà annoncée.
Néanmoins, impossible de le nier par contre, d'ici la fin 2012, 1.000 soldats devront avoir quitté l'Afghanistan... au lieu des 600 prévus (2). L'EMA va donc devoir plancher, de façon accélérée, sur un nouveau timing. Et trouver des capacités non essentielles à l'effort de guerre.
Bref, la solution la plus tentante consiste à rendre assez rapidement les enceintes, et notamment Tagab, la plus exposée aux tirs des insurgés. Les dernières prévisions envisageaient de le rendre dans le courant de l'été : il faudra peut-être faire encore plus vite. L'été, saison notoirement animée en Afghanistan, n'est peut-être pas le moment idéal pour cela...
Les GTIA montants partiront sans doute, aussi, avec moins de monde que prévu. Et pourraient, le cas échéant, ne pas aller au bout de leur mandat de six mois. Le 16e Chasseurs et le 92e RI fournissent les relèves du printemps : le 16e Chasseurs aura un SGTIA de moins que son prédécesseur. Le 92e RI part avec un état-major tactique, une CCL, un SGTIA et une compagnie de garde.
Le président a obtenu, aujourd'hui, que la Kapisa soit inscrite à la phase III. Peut-être a-t-on, trop vite, déduit que ce serait en mars. La phase II avait déjà glissé du mois de septembre à décembre 2011...
(1) des observateurs avisés estiment que le président avait prévu, depuis déjà quelques semaines, d'annoncer une accélération du rythme du retrait. La date choisie avait été celle du 27 janvier, date de la venue du président afghan... et avant l'entrée en campagne du président de la République. L'attaque de vendredi dernier a failli faire encore accélérer le rythme : on se souvient que le président envisageait de tout démontrer si les conditions de la sécurité de nos troupes n'étaient pas atteintes. Entretemps, le candidat socialiste a avancé un calendrier non réaliste, d'un retrait effectué pour la fin 2012. En présentant un calendrier cohérent avec les réalités militaires, l'exécutif gagne sur tous les tableaux, à commencer par une réponse directe à l'écrasante majorité des Français qui demandent un retrait des troupes.
(2) Rappelez-vous : en juin, le président annonce un millier en moins d'ici la fin 2012. Or 400 sont déjà partis : 193 légionnaires du 2e REP qui n'auront même pas fait quatre mois sur place, et un autre groupe composite, constitué d'aviateurs partis de Kandahar (-60) et d'un SGTIA ôté du GTIA Surobi, soit un peu plus de 200.