Un Rafale du CEAM pendant Harmattan, à Solenzara (photo : Jean-Marc Tanguy)
L'Inde est, rappelons-le, le premier client export historique de Dassault, avec la vente d'Ouragan, au début des années 50. L'avionneur avait encore livré des 59 Mirage 2000 (46 monoplaces H et 13 biplaces TH), dans les années 80. Dassault et Thales ont aussi remporté, l'an dernier, le rétrofit de ces appareils. DCNS a aussi vendu des sous-marins, mais dont la gestation est assez lente, ce qui énerverait le client.
Néanmoins, cette victoire dans les airs est aussi celle d'une équipe : Thales est installé depuis les années 90 (Sextant Avionique) en Inde, et il a fourni des composants électorniques aux chasseurs de l'armée indienne.
C'est aussi la victoire d'une équipe France des opérationnels : armée de l'air et marine (lors d'Agapanthe 2010) n'ont pas mâché leurs efforts pour faire mesurer aux militaires indiens tout le potentiel de l'avion. Le CEMAA était sur place fin septembre.
Les Indiens ont des ambitions aéromaritimes, et seul le Rafale (avec le F/A-18) peut être embarqué. A ce stade, l'appel d'offres ne couvre que des chasseurs basés à terre.
Les récents engagements du Rafale en Afghanistan et en Libye, par l'armée de l'air (1039 missions, 4500 heures de vol pendant Harmattan) et la marine (616 / 2364) ont aussi contribué à l'aura réelle qui entoure l'avion. Alors que le Typhoon, quoique présent, n'y a pas vraiment brillé.
Une victoire est une alchimie d'un matériel opérationnel, d'un soutien politique et de propositions concrètes de compensations économiques.
Après avoir entendu les déclarations malheureuses d'un ministre de la défense français, il y avait de quoi faire douter les Indiens. Leur volonté d'acquérir une solution crédible aura été manifestement plus forte.
Au final, fallait-il gagner cinq contrats à 25 avions, ou un seul contrat à 126 ? La société Dassault aura tiré des enseignements de ses échecs, pour gagner ce contrat du siècle qu'il était, pour le coup, impossible de perdre.
Le dernier contrat militaire de Dassault était intervenu avec la Corée du Sud, pour une version de guerre électornique du Falcon 2000, fin 2011.
Mais le dernier contrat export pour un chasseur est plus ancien : ils remonte aux dernières commandes de Mirage 2000-5 et -9 par la Grèce, le Qatar et les Emirats Arabes Unis.
Le député de l'Aube Nicolas Dhuicq a estimé dans un communiqué que "cet accord confirme l'excellence de l'industrie aéronautique française et de notre avionneur national. Il est le résultat de l'implication continue et déterminée du gouvernement et du Président de la République. La France tient pleinement son rang international de puissance d'équilibre dans son partenariat avec l'Inde".