L'année 2010 sera "difficile". Le Français a-t-il bien compris, est-ce le bon mot ? Pas sûr ! Comme comprendre ce "difficile" alors qu'il est déjà utilisé à tour de bras dans l'actualité du moment. Comment un expert du mondial à venir va-t-il réussir à mieux comprendre une réalité afghane qui échappe déjà aux journalistes chargés de l'expliquer ?
Oui, il sera aussi "difficile" aux Bleus d'aller au bout.
Oui, il sera "difficile" de tenir les cités, cet été.
Il sera "difficile" pour un salarié qui travaille depuis l'âge de 16 ans d'aller jusqu'à 62-63 ans.
Il est "difficile" de trouver un logement à Paris.
Il est tout aussi difficile de trouver un hôtel qui ne soit pas un cinq étoiles, en Afrique du Sud (pensez, mon bon monsieur, tout est réservé depuis longtemps...).
Il sera "difficile" de tenir la réalité budgétaire de défense, peut-être même avant l'année 2012.
Parce que les mots ont un sens, et qu'il arrive même que les Français le connaissent, l'année 2010 sera tout sauf "difficile", en Afghanistan.
Disons les mots. Il y aura encore d'autres morts, disons-le, et l'année 2010 établira sans doute un nouveau sinistre record. L'armée afghane, malgré ses progrès, n'arrive pas à prendre pied, ni dans dans les terres, ni dans les coeurs, quoi qu'on en dise.
Ce n'est pas que ma conviction, c'est juste l'avis de ceux qui sont là-bas.
La réalité sera forcément cruelle, pour le Français qui la recevra en pleine face (et si on en plus c'est quand il est sur la plage...) : les affrontements n'ont jamais été aussi durs et récurrents en Afghanistan, et particulièrement dans la vallée de Tagab. Et comme le bilan des pertes l'illustre, depuis le début de l'année, de tels affrontements tuent. Malgré le matériel moderne des soldats, malgré leur niveau de préparation.
Le manque de pédagogie génère un risque évident, le même qu'au lendemain du 18 août 2008. Des Français à qui on n'a rien, ou mal expliqué, qui sont troublés dans leurs convictions. Rajoutez à cela la part d'imprécations, de mythes et de faux témoins...
Il sera évidemment toujours facile, comme au lendemain du 18 août, de mettre cela sur le compte de la non-résilience des Français. Il sera tout aussi facile de faire un colloque sur le sujet, ou un dîner en ville, pour que les journalistes aident l'armée à rendre les Français résilients (comme si c'était leur métier...).
Mais il ne sera pas facile, ce jour-là, d'être convaincant.