C'était prévisible, les conséquences pratiques de la crise actuelle du coronavirus impactent donc
maintenant de plein fouet le ministère des armées. Aucun cas à l'horizon dans le bataillon Français en Norvège, mais au vu des cas intervenus sur des Norvégiens, les autorités ont pris la décision de mettre fin à l'exercice Cold Response. Sans doute le premier d'une longue liste d'exercices. Qui, on le sait pourtant, pour certains, sont essentiels à la préparation opérationnelle, à l'aguerrissement et (comme Cold Response), à la haute intensité.
Le point presse du ministère des armées a lui aussi succombé à la coronamania, mais n'a pas été, pour autant, remplacé par un point presse sur réseaux sociaux. Comme l'idée en a pourtant été évoqué par la presse il y a bien des années.
On a aussi appris que la présentation du plan stratégique de l'armée de terre ne prendra pas la forme initialement prévue, dans laquelle le CEMAT devait prendre la parole face à ses personnels dans les camps de Champagne.
Comme écrit sur mon twitter il y a quelques jours, des relèves devraient souffrir de cette crise, comme ce serait déjà le cas pour des personnels du PCIAT de Barkhane qui prennent un rab d'un mois sur leur mandat, donnant une actualité nouvelle à la phrase célèbre du major Howard.
Mais c'est surtout dans les grosses concentrations de personnel, le Balargone décrochant la timbale, que les inquiétudes se font les plus vives.
C'est que Balard regroupe toutes les têtes en peu de mètre cube, et que les cadres y déjeunant entre eux, la contamination de l'un peut vite passer à l'autre. Les installations disposent, selon leur conception, de fenêtre ouvrantes ou pas, et à ce stade, bien malin est celui qui pourra parier sur le rôle contaminant ou pas de la clime.
Vivant littéralement comme dans un sous-marin (en fait, plus que deux gros SNLE), le CPCO, coeur battant des opérations a déjà dû prendre des précautions. Il a même sans doute été parmi les premiers à en adopter, culture de l'anticipation oblige. Sans doute en même temps que les vrais sous-marins.
Les réunions se font a minima, sauf les incontournables et actuellement ce sont celles traitant du... coronavirus.
Problème, pas de coeur battant sans missi dominici, qui vont dans les avions, dans les zones potentiellement contaminées. Sans parler de la ligne 8 qui reste un super incubateur.
Le commandement militaire du Balargone pourrait encore dégaîner des mesures bien plus drastiques, avec la mise en place de bordées (l'organisation marine montre régulièrement sa supériorité sur les autres...), des fermetures du mess, ces lieux étant capables de se transformer en hotspot à virus, avec leurs très longues files d'attentes et des tables pas très larges qui facilitent les échanges de virus. Or, on le sait sur la base des statistiques de repas servis, la plupart des Balargoniens mangent au Balargone. Concernés au premier chef, une bonne partie des Balargoniens devraient donc être demain soir face à leur télé pour écouter leur chef, sans doute pour évoquer le dossier qui les occupe désormais pour une bonne partie.
A plus long terme se pose aussi la question du traitement des grosses relèves (à l'été), d'un salon de l'armement (Eurosatory, tous ses collègues tombent comme des mouches...). Ce sera le bon moment pour organiser un bon colloque sur la résilience.
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