Les coups de canifs à venir commencent à entrer dans le vif du sujet et de l'humain, dans l'armée de terre.
La force opérationnelle terrestre (FOT), le coeur projetable de l'armée de terre va perdre l'équivalent d'une brigade, soit environ 7.000 militaires (1). A ce stade et par delà ce seul constat, il est encore trop tôt pour évaluer la forme que prendra cette entaille sévère dans les contrats opérationnels de l'armée de terre, et les conséquences réelles sur l'organique. Tout simplement parce que les brigades n'ont pas toutes la même taille et les mêmes priorités dans les contrats opérationnels. Certaines sont aussi uniques en leur genre. La plus petite en volume, la BFST, devrait prendre de l'embonpoint mais personne ne sait aujourd'hui dire précisément dans quelles proportions (2). Tandis que d'autres d'autres verront leur format rogné. Une peut aussi payer pour les autres.
En devenir, aussi, le sort de l'aéromobilité (sans cesse proclamée priorité des priorités par les deux derniers CEMAT, donc l'actuel), mais en difficulté, comme l'attestent celles rencontrées en métropole et au Mali. C'est paradoxal, puisqu'en termes de matériel, l'aviation terrestre n'aura jamais atteint une telle niveau de modernité, avec pas moins de quatre modèles pointus (Tigre, Caïman, Cougar rénové et Caracal). Mais cette modernité se paie en euros en coût de possession, et se paie cash. Des choix déchirants devront sans doute être pris. D'autant plus qu'il faudra assurer à la fois l'excellence des régiments conventionnels -qu'il faudra peut-être réduire de trois à deux-, et celle de l'aviation spéciale (4e RHFS), incontournable, au service du COS. Et jamais assez nombreuse (3).
Le résultat va sans doute remettre à plat la carte des implantations de l'armée de terre. Et interroger les personnels : les plus nombreux en opex, les plus mal chaussés, et demain, les plus ciblés par les restructurations.
(1) ce qui veut dire que l'armée de terre pourrait bien perdre beaucoup plus que ces 7000 postes, car l'administration, les écoles, et les soutiens non opérationnels devraient eux aussi cotiser.
(2) en réponse à ma question sur un renforcement du périmètre et des moyens du COS, le ministre a déclaré mardi que ses moyens seront renforcés, sans plus de détails.
(3) tour de force, le 4e RHFS (à peine 300 personnels) déploie, en autorelève, 12 hélicoptères et leurs équipages. L'ALAT conventionnelle déploie à peine plus, en bénéficiant du socle de trois RHC différents pour les relèves d'équipages de Puma et Gazelle.
Ci-contre, trois nouveaux sondages. Pour participer, il suffit de cliquer.