Deux décisions ont fortement impacté le niveau opérationnel de l'opération Serval, ces dernières
semaines. Pourtant, quand elles ont été prises, elles faisaient débat, mais la discrétion tacite avait été observée, jusqu'à maintenant.
La première situation concerne les hélicoptères Tigre, dont les actuels déficits de disponibilité ne découlent pas des personnels, qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'on leur donne, mais d'une décision prise par l'EMA, en 2009. Cette année-là, une commande de lots de déploiement, nécessaire à l'exploitation en opex a été annulée, et jamais recommandée depuis assure-t-on. Jusqu'alors, l'effet de cette annulation ne s'était pas fait directement sentir, mais les déploiements de Tigre avaient été limités en nombre de plots et de volume. Aujourd'hui, huit cellules ont été déployées au Mali (1). Au Mali, le constat de carence des lots est là, et tellement là que quatre ans après avoir annulé la commande, l'EMA vient de commander en urgence opérations les fameux lots de déploiement. Mais comme pour les VBCI, un peu tard pour cette guerre-ci.
Plus illustrante encore, la réduction, en août dernier, d'une commande de boule optronique MX20 au détriment de la marine qui les destinait à ses ATL-2. Résultat, six mois plus tard, un nombre très réduit de boules ont survécu à la faux budgétaire, pour, en première ligne, au Mali, procurer du renseignement image.
Le déficit dans ce domaine (2), entretenu par cette décision budgétaire, est tellement patent, que la France a dû accepter le concours des Américains. Et, cela ne manque pas de sel, louer des heures de vol au secteur privé. Une première, dans l'histoire du renseignement français qui en dit long.
(1) un maximum historique.
(2) le renseignement n'était que LA priorité du précédent livre blanc.