Le magazine Air & Cosmos à paraître demain sous-entend que c'est une surestimation des risques par le pilote du Rafale M18 qui est à l'origine du crash fatal de dimanche. L'hebdomadaire s'appuie sur une version assez précise de l'enchaînement qui a mené à la perte de l'avion, et qui semble partagé par plusieurs sources que nous avons interrogées ces dernières heures sur le sujet. L'une évoquant notamment le fait que le facteur déclenchant n'aurait "jamais" dû amener au crash. Appréciation qui dédouane nettement l'avion.
Le scénario évoqué par l'hebdomadaire évoque l'allumage d'un voyant, au bout d'une dizaine de minutes de vol, "contraignant le pilote à appliquer une procédure impliquant de vider les deux bidons de voilure pour venir apponter. Entretemps, le voyant étant repassé 'au vert', le Rafale a néanmoins poursuivi son vol pour se ravitailler (...) Mais les vide-vite ayant été préalablement percutés, le carburant délivré s'est échappé". Il ne restera pas assez de carburant pour ramener l'avion jusqu'au pont d'envol.
Plus loin, le magazine reste cependant prudent, évoquant le fait que "le pilote s'est retrouvé dans une situation de procédures inédites".
L'armée de l'air dit "ne pas avoir connu" d'évènements de ce type avec ses Rafale.
Malgré la volonté d'occuper le terrain en communiquant, le ministère est resté, ce matin, sur une position plutôt réservée, se retranchant derrière l'ouverture de l'enquête.
Une position qui risque de devenir très vite intenable, les informations, relativement précises, se multipliant, alors qu'à Paris, on évoque une quête insistante de "têtes" -entendre, un ou des responsables-. Cette recherche de responsabilités ne devrait pas attendre, forcément, la publication du rapport d'accident sur internet. On se souvient que dans les deux cas précédents d'accidents, le ministre de la défense avait communiqué assez rapidement son sentiment, dédouanant à chaque fois l'avion. Les deux rapports d'accident (décembre 2007 et septembre 2009) n'ont cependant toujours pas été publiés. Ce qui démontre, si besoin était, que la recherche de la vérité peut parfois prendre du temps.
La marine, pour sa part, protège son pilote, dont on sait seulement, pour l'instant, qu'il détient "plus de 2.000 heures de vol". Le seul point commun des pilotes -expérimentés, et, pour certains, très expérimentés- qui ont été concernés dans les quatre pertes de chasseurs, depuis 2007.