Ca ressemble presque à un FRAGO : le projet de plan de communication du ministère de la défense, écrit par le directeur adjoint de la DICOD, circule depuis quelques jours. Son contenu, dont nous révélons les grandes lignes, permet de mesurer les priorités ardentes que la défense souhaite valoriser dans la tête des journalistes et des Français, en 2012.
Il y a d'abord une touche d'humour, parce que Louvois y est évoqué comme une des révolutions administratives qui doit être soulignée. Evidemment, on l'a compris ce document a été écrit avant la série de bugs révélés sur ce blog, car sinon aurait-il pris Louvois comme exemple pour "valoriser les aspects positifs de la modernité administrative".
Réflexion déjà bien entamée à la tête de l'armée de terre, qui voit ses opex fondre comme neige au soleil, le document explique qu'il faut "valoriser les opérations sur le théâtre national". Souvent les grands oubliés, les moyens de la dissuasion et de la posture permanente de sûreté vont aussi pouvoir sortir de l'ombre.
Au chapitre opérationnel, le plan explique également qu'il faut éviter un écueil : communiquer trop précisément sur le retrait d'Afghanistan.
Plus stratégique, on apprend que la grande offensive de printemps portera sur les jeunes, avec un accent à renforcer sur les médias sociaux, notamment avec un support déjà en place sur Facebook et un autre sur Twitter. Même si ce n'est pas dit ainsi, il faut évidemment réduire l'influence du quarteron de blogs journalistiques qui ont colonisé les esprits.
"Il sera essentiel d'approfondir la politique entreprise en 2011, d'étoffer et de coordonner notre présence dans les médias sociaux" écrit-on ainsi. On projette aussi de communiquer sur les réformes réussies par "des exemples concrets" montés en "success stories". Même au mindef, le storytelling a son importance, plus, désormais, que dans les média.
Plus sérieux, la volonté, déjà ancienne, de faire progresser le contenu en anglais sur le site du ministère, que la planète entière n'ignore plus nos réussites opérationelles. Notons que l'armée de l'air a déjà pris les devants, un réalisant un Air Actualités en anglais, disponible uniquement sous forme numérique.
Pour vérifier que la guerre est gagnée, le rédacteur du plan propose une batterie de sondages, puisque le ministère est devenu un grenier à blé pour ceux qui les confectionnent.
Dans la liste de ceux qui sont cités, un seul trouve grâce à mes yeux : "seul un tiers des personnes interrogées à le sentiment d'être bien informé, ce qui laisse entrevoir de réelles marges de progrès". Une belle autocritique.
Pas une ligne, étonnamment, consacrée à l'évolution de la filière com, qui commence pourtant à éveiller l'intérêt de bien des gens, hors et dedans le ministère. Il est vrai qu'à 100 MEUR par an, dont les trois quarts pour les salaires, cette filière de 1.200 personnes ne peut qu'attirer l'intérêt. Parmi les très nombreuses voies d'économies, la communication en région, qui s'interarmise elle aussi, sans vraiment se rationaliser. Réflexion d'un des personnels qui a assisté à un topo, sur ce sujet, mardi dernier, à l'école militaire : "l'armée de terre a plaqué ses propres structures de com, sur celles des états-majors de zone, sans interarmiser quoi que ce soit". Ou sans voir les structures locales déjà en place. Ainsi en Bretagne, où deux structures cohabitent aux deux bouts de la région, à Brest, avec la préfecture maritime, et à Rennes, avec le zonal...