Plus c'est gros, plus ça passe. Un beau livre, un peu cher mais utile, vient nous rappeler comment, il y a 70 ans, la flotte japonaise neutralisa pour plusieurs mois son homologue américaine du Pacifique. Dès les premières lignes, on se convainc que tout cela était évitable : en 1925, un journaliste britannique avait évoqué l'idée, et cinq ans plus tard, le futur CEMM américain, l'amiral King, l'avait fait lui-même.
Seulement, on sait comment les démocraties endormies peuvent réussir à refuser l'évidence. Nos histoires en sont remplies, en Amérique, ... en France.
Une belle leçon à méditer, alors que nos armées connaissent, depuis trente ans, un désarmement structurel (1), y compris, on le voit, sur le coeur de l'efficacité, le renseignement. Là où nos adversaires, déclarés, investissement massivement (2).
Pearl Harbor, Dan Van Der Var, Editions Pierre de Taillac (réédition de 2001), 35 EUR, 176 pages.
(1) le désarmement structurel se produit du fait du niveau de technologie (donc de coût) intégré, génération après génération, dans les matériels militaires. De plus en plus chers, on en dispose de moins en moins pour tenir les mandats. Les chefs militaires, qui défendirent longtemps leurs choix par le fait que ces matériels étaient plus polyvalents et efficaces que ceux qu'ils remplaçaient, sont en train de revenir sur cette idée (notamment du fait des coûts de soutien associés, qui ont explosé), et demandent, désormais, des matériels moins chers, à l'achat et sur le cycle (coût de possession). L'exemple type est le VBMR, dont le prix maximum a été fixé arbitrairement à 1 MEUR.
(2) ce qu'a rappelé le CEMA à nos élus -qui ont le pouvoir de voter ou non les budgets, pouvoir qu'ils sont en train de reprendre-, lors des auditions, à l'automne.