A l'issue du CMI, et sans vraie surprise, la solution américaine a été écartée hier soir au profit d'un recours franco-israélien : le ministère de la Défense va entrer en discussions avec Dassault Aviation pour offrir à l'armée de l'air un système de drones en 2014, dérivé du Heron-TP israélien (1). Ce système sera l'intérimaire de l'intérimaire (2), et devra faire patienter la France jusqu'en 2020, et l'arrivée d'un encore hypothétique drone franco-britannique.
Notons que le délai a -encore- glissé, et qu'il faudra prier pour que la flotte actuelle -quatre vecteurs Harfang et seulement trois boules- ne connaisse pas de malheurs dans l'intervalle.
A ce stade, on ignore encore combien de F-Héron-TP seront acquis, et le niveau réel de francisation du système. Un des soucis qui a expliqué le retard de cinq ans du Harfang est précisément d'avoir voulu trop mettre de composants français sur ce vecteur d'origine israélienne (sans d'ailleurs y arriver, à la fin).
Sans compter qu'à part un ingénieux système d'antenne satellite (l'Hexapod de Zodiac) et des technologies SAR (développées par Thales), la France n'a pas pas forcément beaucoup à apporter. Sagem et Thales se crêpent le chignon depuis des lustres en matière d'optronique sans réussir toujours à sortir les produits technologiques dont les armées ont besoin : ces dernières ont donc récemment donc acheté ou loué du matériel américain.
Il y a aussi plusieurs niveaux de lecture dans la victoire française du jour, qui est aussi et avant tout une défaite... américaine.
Des récentes anecdotes -quelqu'un a dû appuyer là où ca fait mal...- semblent avoir très nettement refroidi les décideurs français. L'autorisation que doivent demander les Britanniques au Pentagone pour engager leurs engins en Libye, un processus de formation présenté comme peu lisible et la possibilité que les Américains laissent des souvenirs dans des systèmes qui servent au renseignement : tout cela fait beaucoup.
Avec une filière industrielle de drones naissante en France, la décision s'est faite, finalement, presque logique.
(1) ce qui fait qu'incidemment, Dassault devrait décrocher son premier contrat pour un drone opérationnel. Jusqu'alors, il gérait le Neuron, mais qui n'est qu'un démonstrateur.
(2) rien que l'expression démontre bien l'incurie dont bien des décideurs ont fait preuve en matière de drones jusqu'à maintenant. Si les jolis plans avaient été respectés, la DRM disposerait déjà depuis l'an dernier du drone MALE final, qui n'arrivera donc qu'en 2020.