Le petit problème électrique détecté dans la nuit de mercredi à jeudi est devenu un gros souci. Il va donc falloir immobiliser le porte-avions Charles-de-Gaulle "plusieurs semaines", annonce la marine dans un communiqué, ce qui hypothèque sérieusement son programme d'activités prévu.
Le premier problème, un "défaut d'isolement électrique" sur une armoire a été "traité", mais les "investigations menées" ont mis en évidence un autre problème, "un dysfonctionnement sur une soupape de sécurité". C'est son "échange standard", décidé ce samedi, qui oblige le maintien à Toulon, car il oblige à un "arrêt complet" de l'ensemble propulsif arrière.
En prenant la mer vendredi, le groupe aéronaval devait rallier l'océan Indien, pour assurer six semaines de couverture CAS au-dessus de l'Afghanistan. Certes, l'absence des dix sorties quotidiennes de l'aéronavale française ne grippera pas fondamentalement la mécanique opérationnelle de l'ISAF, mais, comme on peut l'imaginer, elle provoque une série de conséquences en cascades.
En voici quelques unes, dans une liste non limitative. D'abord, elle affecte l'image de la marine puisqu'elle concerne son navire emblématique -déjà écorné par le passé (1)- et l'engagement opérationnel du moment. Le navire sort de grand carénage, et avait, sans problème, navigué 234 jours (52.138 NM), assurant 4.321 catapultages. Cette véritable tuile tombe donc au pire moment. Mais encore moins que si le porte-avions s'était retrouvé au large du Pakistan ou dans le canal de Suez...
Ensuite, cette interruption casse le rythme opérationnel des équipages, notamment les aviateurs. Il faudra donc encore les ré-entraîner, brièvement, à l'issue de la réparation.
Par ailleurs, plusieurs nouveautés étaient prévues, notamment le premier engagement opérationnel de la nacelle Reco-NG sur Rafale. Pour l'instant seulement, donc, retardé.
Enfin, il est évidemment encore trop tôt pour mesurer comment les marines avec lesquelles le groupe aéronaval (Arabie saoudite, Inde) percevront ce coup du sort. Car, sur cet Agapanthe, le groupe aéronaval est aussi et surtout un symbole de la force politique de la France. Pour preuve, le PACDG devait aussi relâcher à l'IMFEAU pour la fin de l'année 2010. Que restera-t-il de ce programme, in fine ?
(1) l'actuel CEMA connut la période médiatique difficile du porte-avions, dont il fut second, puis pacha, entre 1997 et 2001. Pas un marin qui a vécu ces moments n'en parle sans émotion.