vendredi 25 décembre 2009

L'Airbus de Marignane : la génération de forces (1ère partie)


24 décembre 1994, 11 heures. Un Airbus A300 d’Air France, le vol 8969 est pris en otage, au sol, par quatre terroristes du GIA. Le début d’une opération qui pour le GIGN se terminera deux jours plus tard, à 17h12, par un assaut.
Ce 24 décembre, Roland Montins est chef de la première alerte. Et sur des béquilles. Roland écrira en mai 2007 un livre édifiant sur cet assaut (1), parce qu’il en a eu marre de lire toujours les mêmes inepties.
Mais ce 24 décembre, il est « à la caserne, avec Olivier K, l'officier adjoint. Après le coup de fil, le chef de la deuxième alerte nous a rejoints, 15 minutes après, et on a commencé à plancher tous les deux sur l’opération. Le commandant Favier (2) était en vacances, et il est revenu vers 16 heures. On avait tout préparé, et il a pris le dossier pour une réunion au quai d’Orsay . On a eu le feu vert à son retour, deux heures après ».
L’histoire est cruelle. Après neufs années d’intervention et d’entraînements impitoyables, « Fred » (3) vient de quitter le GIGN, il y a trois mois. Il entend, comme la France médusée, le détournement de l’Airbus. Et jure.
« Sam », lui, a décollé au quart de tour, de son Est natal où il était rentré pour les vacances. Dans sa Renault 5 personnelle, un challenge, rejoindre Satory avant que tout le monde ne quitte la base du GIGN. Sam a alors 26 ans, dont 8 de gendarmerie, et 3 ans au GIGN. Quinze ans plus tard, il est toujours au groupe, comme quelques rares anciens.
Parmi la trentaine de gendarmes du GIGN qui seront bientôt en toute première ligne figure « Lee », le futur pape de l’effraction au Groupe.Il a 32 ans, et déjà 14 ans de gendarmerie, dont 4 au GIGN. Comme "Sam", c’est un chuteur opérationnel.
D’autres gendarmes vont avoir une importance cruciale dans l’évaluation de la situation : ce sont les membres de l’escadron parachutiste d’intervention de la gendarmerie nationale (EPIGN, intégré au GIGN en 2007). Ces hommes sont postés à Alger en protection de l’ambassadeur, une mission méconnue et dont les détails restent encore aujourd’hui dans l’ombre.

(A SUIVRE)



(1) L’assaut. 60 pages du livre (qui en comporte 300) sont consacrées rien qu'à l’évocation, avec un rare sens du détail, des 16 minutes de ce même assaut. Plusieurs croquis complètent le récit. Incontournable pour comprendre.
(2) Aujourd’hui général, Denis Favier a ensuite suivi son CID, en sortant major de promotion, avant de commander le groupement de gendarmerie de Savoie (étant ainsi au coeur, en 2003, de la sécurisation du G8 d'Evian), puis le bureau officiers à la direction des ressources humaines de la DGGN. Il est revenu à Satory, en 2007 pour réorganiser la filière de gestion de crise de la gendarmerie, et faire évoluer le GIGN. En avril 2008, il est tarponné (aérolargué en mer) avec ses hommes pour participer à la gestion de la prise d’otages du Ponant, ce qui lui vaut, en décembre 2009, une croix de la valeur militaire.
(3) J’ai rencontré ces vétérans du GIGN en 2004 pour une série de papiers à l’occasion des 30 ans du groupe. L’identité des gendarmes du GIGN est protégée, d’où ces pseudonymes.



Pour aller plus loin :

. Le site du GIGN : http://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gign

. GIGN, les experts du danger, de Manuelle Calmat-de Gmeline, Editions Robert Laffont.

. Le GIGN, d'Eric Michelletti, Histoire & Collections.