En début de la précédente décennie, j’avais mis à la une de mon journal (France Soir)
l’indisponibilité totale des Hercules de l’armée de l’air. 14 avions cloués au sol. 13 ans plus tard, on est à peine mieux, selon le député LR François Cornut-Gentille, la disponibilité n’était que de 28,8% l’an dernier, après avoir tutoyé les 72% en 2011. Depuis, elle n’a cessé de plonger. 40,8% en 2012, 35,1% en 2013…
Les C-130, qui ne sont pas des avions très vieux (ils n’ont été livrés qu’en 1987, à comparer aux 51 ans des C-135…) accumulent les soucis. Depuis 2003, ils sont entretenus par une société portugaise, OGMA, qui remporte systématiquement les marchés parce que moins chère, du fait du différentiel de salaires entre Portugal et France. Or son travail n’est pas à la hauteur des enjeux de cette flotte, appelée à durer jusqu’en 2030.
Une façon simple de franchir l’obstacle aurait consisté à invoquer l’article 346 de l’UE permettant à un Etat d’attribuer un marché sans recours à un appel d’offres européen. La production des missiles M-51 n'est pas ouverte à la concurrence, pas plus que ne l'était celle du Leclerc, pourquoi s'acharner, donc, à attribuer des marchés à un prestataire qui ne fait pas l'affaire ?
Pour tout arranger, repoussée plusieurs fois, après avoir connu en plus un échec technique, la modernisation des C-130 est enfin lancée. Deux avions sont immobilisés en chantier, sur les 14 de la flotte.
Quand on sait que deux des dernières OAP au Sahel ont failli être bâchées par manque d’avions (le minimum vital n’était pourtant qu’à deux ATT), on mesure la pauvreté actuelle de l’aérotransport français. Le CEMA rappelait lui-même que les besoins actuels en capacités dépasse de 50% ce qui était prévu dans le Livre Blanc (très optimiste sur bien des sujets, pourtant bien des experts avaient été consultés pour l'écrire...). Et on n’en comprend que mieux la pression mise (enfin) par la France sur Airbus pour aboutir rapidement sur un début de capacités tactiques pour l’Atlas, dont le largage de personnel…