Le député François Lamy a listé assez précisément les conséquences de l'opération Sentinelle dans
un passionnant avis sur la préparation des forces Terre. Certaines sont déjà bien connues des lecteurs de ce blog (moindre formation continue, réduction, quoi qu'on en dise, de la prépa ops, etc), mais l'élu donne aussi des statistiques assez fines transmises par le CFT.
80% des unités déployées entre janvier et juin l'ont été un tour sur deux. François Lamy assure que des unités de la 27e BIM ont aussi fait cinq tours dans l'année, et que la majorité ont fait quatre tours, soit un total de six mois : l'équivalent d'une opex, fait en France, mais par à la maison. Alors même que la BIM va avoir un rythme soutenu en 2016, avec des projections tous azimuts.
Des permissions ont aussi dû être annulées pour l'été 2015, ou considérablement raccourcies indique le rapporteur. Même si pendant cette période, le rapporteur confirme que 1350 Sentinelle de moins ont été employées, du fait des fermetures estivales. La version officielle, jusqu'alors, est que Sentinelle n'avait pas été réduit. François Lamy explique aussi qu'en fait, seuls 6100 militaires sont demandés par les préfets, sur les 7.000 qui sont annoncés comme le niveau moyen.
Ces réductions, peu médiatisées, concourrent néanmoins au moindre coût de Sentinelle, découvert à la fin de l'été.
Le député explique aussi que les générations de forces sont difficiles, avec une centaine de postes non pourvus après le premier tour d'appel (au premier semestre) et que ce chiffre a progressé à 300/400 au second semestre.
Une étude interne de l'armée de terre évoque aussi de "fortes attentes" du personnel sur les "conditions matérielles" d'exercice de Sentinelle, ainsi que le risque "d'un certain mécontentement" en cas de non-évolution du cadre actuel. Des indicateurs de mesure du moral doivent être connus dans quelques jours, début novembre, et une étude complémentaire est prévue en 2016.
La FOT (66.000 militaires à l'époque) a passé en moyenne plus d'un jour sur deux hors de son quartier, ce qui se traduit, explique aussi le parlementaire, par une moindre tolérance des familles.
Si ces dernières comprennent l'utilité des opex, celle de Sentinelle passe beaucoup moins. Malgré la mise en place, par le ministère, de welfare, et de possibilité de faire profiter du quart de place l'intégralité de la famille pour rejoindre le militaire.
Toutes ces informations, et les conséquences durables qu'elles ont sur la capacité de l'armée de terre à tenir ses indicateurs et ses missions militent en faveur d'une mission d'information. Le parlement ne l'a toujours pas lancée : en cause, le nombre limité d'administrateurs pour accompagner les parlementaires dans leur travail d'investigation. Difficile, dans ce contexte, pour le parlement de jouer son rôle de contrôle de la dépense publique.