Il l’a dit ce midi au musée de l’armée, et devrait le redire encore ce soir au musée de la marine : les
musées sont essentiels au rayonnement de la Défense. Mais les voies de pérennisation et de développement sont différentes d’une entité à l’autre.
Au musée de l’air, où il est passé il y a quelques mois, l’industrie aéronautique a mis la main à la poche. Ce n’est pas tout à fait possible chez les autres.
Le musée de l’armée doit donc conforter son assise et son dynamisme, en faisant aussi rayonner les 70 dernières années, souvent les grandes oubliées. Le directeur actuel, l’ancien parachutiste Christian Baptiste, à qui il a redit toute son admiration, a déjà glissé un orteil prudent dans l’évocation de l’Algérie de l’Indochine, ou, dans quelques mois, dans l’histoire secrète des services secrets. Mais, et JYLD a fait sa liste, il faut aussi parler guerre froide, guerres de décolonisation et opérations extérieures.
Il pouvait sembler étrange que les collections permanentes du musée de l’armée n’évoquent jamais ces années, alors même que les Invalides accueillent les commémorations des soldats tombés au champ d’honneur.
Avec des ruses de sioux, le nouveau directeur y avait touché, via des expositions éphémères.
Pour exposer en permanence sur ses 70 dernières années, il faut de la place. Tout le monde le comprend, mais l’espace ne se libère pas, aux Invalides, normal, l’endroit est prestigieux, central et… gratuit.
Myriam Achari, la toute nouvelle directrice de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) que le ministre a lui-même choisie –elle faisait partie de son cabinet- va donc devoir, en « concertation », se pencher sur le plan d’occupation des espaces aux Invalides, pour que le musée de l’armée puisse désormais avoir une collection permanente qui dépasse l’année 1945. Certains occupants actuels pourraient donc avoir à faire leurs cartons. Même si l’arrivée des déménageurs n’est pas pour tout de suite. La DMPA ne ferait pas de recommandations avant le premier semestre 2016.
A la marine, la problématique est encore différente. Le musée, noyé dans un ensemble de musées au Trocadéro, est dans son état d’origine. Mais il incarne un milieu –la mer- qui parle aux Français : à charge au nouveau directeur, le commissaire de marine Vincent Campredon, de le faire sentir à ses partenaires, à ses agents, et… à ses visiteurs potentiels. Et si on utilisait la Seine pour faire flotter quelques pièces ?
Myriam Achari (à g.) doit trouver des m2 pour permettre l'agrandissement du musée de l'armée aux Invalides. (Photo Jean-Marc Tanguy)