Comme en Centrafrique il y a quelques semaines, le ministère de la défense doit faire face à de
nouvelles accusations d'atteintes sexuelles sur des enfants en Afrique, cette fois au Burkina Faso. Mais contrairement à ce qui s'était passé dans le dossier centrafricain -avec plus d'un an de silence médiatique-, le ministère a quasi-immédiatement communiqué sur les mesures de précaution qu'il a prises. Alors que le président doit commencer une tournée en Afrique de l'ouest.
Le ministre a pris la décision de suspendre deux militaires opérant dans ce pays, et de le faire savoir par un canal réservé, mais de le faire savoir dès ce soir.
La seule communication du ministère, réservée ce soir à l'agence France-Presse, évoque des soupçons d'actes de pédophilie de deux militaires perpétués lundi sur deux enfants. Selon Europe 1, les deux victimes sont des enfants d'expatriés avec lesquels s'étaient liés les deux militaires. Ces derniers fréquentaient régulièrement cette famille, assure la même source.
Selon 20 minutes qui cite des sources dans la gendarmerie burkinabé, un des enfants est une fillette de 5 ans. Les attouchements auraient été filmés par un équipement oublié chez la famille. Le père, bukinabé, aurait visionné les images, déclenchant sa plainte.
Des soupçons qui cadrent mal avec le niveau des forces déployées sur place : ces troupes d'élite ont encore, il y a quelques jours, accueilli le chef d'état-major de l'armée de terre, venu incognito reconnaître leur mérites opérationnels, depuis cinq ans qu'elles sont déployées dans le pays. Un peu plus de 200 militaires français sont déployés sur place.
Face à de telles accusations, le CEMA a dû ouvrir une enquête de commandement -comme en Centrafrique, mais dans ce cas, elle avait fait chou blanc-, tandis que le ministre a dû, obligation légale, transmettre les éléments dont il dispose à la justice française. La justice burkinabé a également été saisie.
A notre connaissance, le détachement français à Ouagadougou ne compte pas de prévôts, les plus proches sont à Gao ou N'Djamena.
Le ministère ne livrait pas, hier, de détails sur la nature de ces actes, de l'endroit et du moment où ils seraient intervenus, renvoyant au texte particulièrement elliptique de la dépêche.
Aucune unité, aucun grade et évidemment aucun nom ne sont cités, et interrogé sur ces détails, le ministère renvoyait également à la dépêche. Le ministère doit composer avec la gravité des faits, pour autant qu'ils soient avérés, et la présomption d'innocence dont bénéficient les militaires comme tout citoyen.
Les forces françaises sont déployées depuis 2010 au Burkina Faso. C'est ce positionnement qui a permis à la France de réagir rapidement, malgré un retard initial, à la descente de rezzous du nord Mali, en janvier 2013. Deux ans plus tôt, c'est aussi de là qu'était partie une opération visant à libérer deux jeunes otages. Une opération hardie, même si elle n'avait pas abouti à la libération des deux Français.
La présence des forces spéciales françaises, qui cohabitent avec un petit noyau de forces conventionnelles, faisait l'objet d'un consensus jusqu'au départ du président Blaise Campaoré.
La situation dans le pays reste toujours très confuse.