Depuis que JYLD a livré sa roadmap du nouveau livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN), peu de choses ont vraiment filtré sur ceux (et ne l'excluons pas, celles) qui pourraient contribuer à cet exercice. Jean-Claude Mallet a participé à deux de ces exercices, et sa fonction actuelle au cabinet (conseiller du ministre), pour ne citer que cet argument, n'est pas forcément cumulable avec une présidence de commission. Louis Gautier semble cumuler, de son côté, tous les atouts nécessaires au poste : vulgarisateur sur la défense, sans rien perdre en précision, dans ses livres, celui qui fut aussi conseiller de Lionel Jospin, et donc à ce titre, au coeur de la politique de défense pendant cinq ans est aussi réputé grand bosseur (1). Je l'ai vu cette semaine à Eurosatory capter de l'nfo, mais comme d'autres... qui se verraient bien à cette place... ou à porter la réflexion du domaine.
Ce qui pose aussi la question des membres de la commission, et leur caractère incontestable, exercice dans lequel la précédente commission avait failli. Le catalogue des matériels qui figurait à la fin du document laissait un sentiment de malaise : l'absence de moyens n'avait-elle pas, de fait, contraint la réflexion stratégique, ou comme on peut le dire plus clairement encore, n'avait-on pas mis la charrue devant les boeufs ? Risque évident de la commission qui oeuvrera en 2012, il ne faut pas se voiler la face : six mois pour faire accepter une variation de budget et de format.
En 2008, certains membres n'ont pas caché leur difficulté, alors, à faire émerger, justement, toutes les thématiques. Deux socialistes, le sénateur Didier Boulaud et la députée Patricia Adam (2) -probable future présidente de la commission de défense- avaient violemment claqué la porte en constatant que la commission ne servait que "de chambre d'enregistrement des décisions du président de la République" (sic).
Comment, donc, faire émerger une légitimité réelle dans cette commission-ci ? Plus de militaires (ils n'étaient que quatre en 2008...), moins de pièces rapportées (éducation nationale, juristes) et... plus d'industriels ?
Comme la série de nominations des jours prochains (3), la composition de cette commission ne sera pas neutre. Quel que soit le sens donné à l'adjectif.
(1) si bien qu'il pourrait aussi prendre un SGDSN rénové.
(2) représentante des Finistériens, Patricia Adam qui demandait dès 2010 à réviser le LBDSN, est à leur image : courageuse au travail et humble, mais plusieurs observateurs la jugent difficile à prévoir et donc, à contrôler.
(3) à la Défense, on a remis au goût du jour la tradition mise en place par Pierre Joxe : pour un poste, il faut désormais trois (vrais) candidats, et c'est le niveau politique qui tranche.