Au moins quatre soldats français ont été tués ce matin, lors d'une attaque contre un convoi militaire en Kapisa, vers 6h40, dans le district de Nijrab. C'est la police afghane qui a évoqué ce bilan, tandis que les talibans, eux, communiquaient sur un bilan de 12 morts, sans en préciser la nationalité. L'Elysée vient, à 11 heures de confirmer le bilan de quatre morts français et de cinq blessés, annonçant aussi que Jean-Yves Le Drian se rendra demain en Afghanistan. Les morts appartiennent au 40e régiment d'artillerie de Suippes et au groupement interarmées des actions civilo-militaires (GIACM) de Lyon. Cinq autres militaires ont été blessés, dont trois graves : le bilan pourrait donc encore s'alourdir. On n'a pas leurs unités d'origine. Ils ont tous été transportés au rôle III français de KAIA.
On n'a pas de précisions sur la nature de ce convoi : convoi logistique pour vider une FOB, convoi humanitaire (présence du GIACM), opération de niveau bataillon... Le communiqué diffusé par la DICOD, ellipitique, évoque une opération "en appui à l'amée nationale afghane".
Selon l'Elysée, une enquête est ouverte pour déterminer "les causes de ce drame". L'attaque aurait eu lieu dans un bazar.
A ce stade, l'EMA ne confirme pas ces informations en provenance d'Afghanistan. A cela trois explications vraisemblables dans l'ordre de hiérarchie : l'information est allée plus vite que l'information aux familles, la situation tactique n'est pas encore décantée. Et le niveau politique doit trouver le bon niveau d'expression, entre le "on vous l'avait bien dit"... et ceux qui diront, à juste titre, "on avait prévenu des risques de convois effectués dans l'urgence".
En tout état de cause, une telle attaque rappellera l'évidence : l'été, les insurgés ont tout pour eux, la zone verte, le moral, les renforts arrivant du Pakistan. Les Français, eux, sont désormais pris dans un calendrier qui les contraints à des modes d'actions évidents. Il faut vider les FOB, il n'y a qu'une seule route réellement praticable : ce blog l'avait déjà écrit, le travail des insurgés n'en est que facilité.
87 soldats français ont été tués en Afghanistan. Cinq soldats étaient déjà morts des suites d'un green on blue, à Gwan, en janvier 2012.
Rappelons que le mode opératoire du jour -attaque suicide à l'explosif- n'est pas une première : un OMLT français, Laurent Pican, avait ainsi été tué en 2007, et cinq autres soldats avaient aussi péri, le 13 juillet 2011, à Joybar (1). Les volontaires sont plus difficiles à trouver, parmi les Afghans, pour servir de kamikazes. C'est moins le cas pour ceux que les Afghans qualifient "d'Arabes" et qui sont les insurgés étrangers au pays.
(1) d'autres attaques de ce type ont été sans doute évitées grâce à une série (au moins quatre) d'attaques préventives effectuées sur des usines à IED et voitures-suicides, en 2011.