Les détails livrés par un site sur l'attaque de Gwan sont troublants, et s'ils sont avérés, deviendront vite accablants. Selon McClatchy, l'afghan qui a tiré ne serait pas un soldat lambda, mais un sous-lieutenant de 21 ans, nommé Abdul Saboor. On peut imaginer que le recrutement des officiers fait l'objet d'une attention particulière, mais ce n'est pas, apparemment le cas. Le jeune homme a réusi à s'acheter, grâce à la complicité d'un même recruteur, des faux documents à deux reprises. En avril, quand il s'engage, avant de rejoindre le kandak 46. Puis en décembre, à son retour du Pakistan. Facture total des deux corruptions : 26 dollars, selon le site internet. Des empreintes ont aussi été falsifiées
Le site, qui semble avoir bénéficié d'un bon niveau de réflexion, évoque une anecdote troublante. Selon une de ses sources, au conseil provincial de Kapisa, une récente opération franco-afghane dans le sud de la Kapisa aurait causé la mort de six civils, et des blessures à 35 autres. L'absence totale de journalistes occidentaux en Kapisa rend évidemment difficile la vérification de telles assertions... comme leur démenti.
Mais le site n'exclut pas qu'un tel bilan ait pu jouer dans le comportement d'Abdul Saboor, dont la stabilité psychologique n'est pas établie.
A ce stade, il est difficile de mesurer la fiaiblité de l'article du confrère. Mais des témoignages convergents évoquent depuis des lustres des achats de charge dans l'armée afghane, particulièrement chez les officiers. Cet aspect de l'affaire Saboor n'a donc rien d'extraordinaire.
Ces détails, à confirmer, cadrent par ailleurs assez bien avec l'accumulation de témoignages de militaires français engagés dans les opérations de formation et de mentoring, évoquant des achats de postes d'officiers, dans l'ANA. A peine mieux, les mêmes témoignages évoquent aussi des Afghans écartés du processus de sélection par les Français, pour déficit de niveau, avant que ces mêmes candidats ne soient réintégrés par les Afghans (1). Conséquence assez logique, plusieurs problèmes de tir fratricides sont déjà intervenus dans les populations d'OMLT français, ces derniers mois. Ils n'avaient, jusqu'à maintenant, produits que des blessés.
(1) seul endroit semble-t-il implacable, chez les forces spéciales, où bien après le passage des tests initiaux de sécurité, avec biométrie et entretiens effectués par des spécialistes en contre-ingérence, des élèves suspects ont été débarqués.