Alors que l'actualité sécuritaire peut désormais faire douter de la possibilité d'un avenir radieux pour les Afghans, un rapport documenté d'une députée (1), Françoise Hostalier prend les idées reçues à bras-le-corps. De quoi troubler le lecteur, et de repartir, parfois, avec des motifs d'espérer.
La lecture de faits est autant macroscopique que microscopique, ce qui ne permet d'éluder aucune solution dans la batterie des possibles, notamment dans le champs économique, mais aussi social. Celle qui me semble la plus évidente est le ressort constitué par les femmes. L'armée a, trop tard, tenté de valoriser celle qui tient tout ou presque dans l'autre Afghanistan, avec des female engagment teams (FET, sur le modèle de celles initiées par les Marines) mises en place en 2011 par le BG Quinze-Deux. Bref, trop tard, alors que l'attentat de Joybar, en juillet, a refroidi toute volonté de communiquer directement et explicitement. Dommage, le bilan était prometteur.
La députée, qui va régulièrement en Afghanistan, balaie aussi les ressources économiques avérées et potentielles du sous-sol afghan. Sans surprise, les siphonneurs que sont les Chinois ont déjà commencé leur travail en Afghanistan. Les mêmes Chinois n'ont pourtant pas brillé jusqu'à présent par leur volonté de développer le peuple afghan...
Mais, et là le constat est sans appel, la nature a horreur du vide : les entreprises françaises, sans doute effrayées par le contexte sécuritaire, et la jurdisprudence Karachi (2), ne débarquent pas en nombre dans le pays. Quatrième contingent étranger, siégeant au conseil des nations unies, exportateur de premier rang, la France ne s'est pas très bien placé en Afghanistan. Contrairement aux Allemands, Américains, Britanniques, Italiens, Indiens, et donc Chinois. La liste est accablante (3).
Pour secouer les esprits, l'auteure propose de valoriser une chambre économique Franco-Afghane. Constatant avec raison qu'on ne revient pas indemne d'Afghanistan, elle propose aussi que les militaires qui le souhaitent puissent, après leur départ de l'armée, partir en Afghanistan, sous le statut de service civique senior.
(1) Ce rapport chiffré et sans concessions est un document de commande de l'Elysée, qui aurait, de la même façon, pu être demandé, il y a plusieurs années, par la commission de défense, dont la députée du Nord est membre. Que ne l'a-t-on pas fait, certaines erreurs auraient sans doute été évitées.
(2) un employeur peut être poursuivi pour ne pas avoir suffisamment protégé ses expatriés.
(3) ce constat général porte autant sur les investissement sur place, que les exportations. Pour ces dernières, en 2010, et en restant au sein de l'UE, l'Allemagne a exporté en Afghanistan 260 MEUR, la Grande-Bretagne, 229 MEUR, les Pays-Bas, 77, et la France, 45 MEUR.