Un problème n'arrivant jamais seul, en voici un deuxième qui fait la une d'un petit journal américain, le New York Times, qui évoque une erreur de tir dans la zone française. Le manque d'éléments précis, de la part du commandement français, mais aussi de l'ISAF, jette un certain trouble : une équipe mixte ISAF/ANA s'est pourtant déjà rendue sur place pour apprécier la situation.
Le journal évoque la mort de sept enfants de moins de 14 ans et d'un jeune adulte, mercredi dernier, à Geyaba (Kapisa). Ces jeunes afghans gardaient des moutons, à 800 mètres de leur habitation, explique le journal quand il ont subi une attaque aérienne, affirme le quotidien qui ajoute qu'une mauvaise information avait été transmise aux forces françaises. On ignore encore le cycle décisionnel qui a suivi cette mauvaise information, et la nationalité du ou des aéronefs qui ont servi dans l'attaque. Pour autant qu'il s'agisse bien d'une attaque aérienne.
Les rivalités tribales et ethniques ont déjà amené à des erreurs de tirs de l'ISAF. Mais les manipulations des insurgés, du gouvernement, ou... de l'ISAF ont aussi généré, régulièrement, des situations dans lesquelles il est difficile de démêler le vrai du faux. La France a déjà reconnu des erreur de tirs sur des civils afghans, lors de convois routiers, mais aussi lors d'un tir de Milan, en 2010. Malgré toutes les vérifications, les fantassins n'avaient pas pu déceler la présence d'enfants réfugiés sous des frondaisons.
Pour avoir pu le mesurer de mes yeux à plusieurs reprises, y compris sur place, les précautions (et parfois trop) sont prises avant l'ouverture de feu. Les récentes opérations de ciblage effectuées en 2011 sur les insurgés impliqués dans la confection d'IED et de véhicules suicides ont fait l'objet de précautions hors-normes de la part de l'ALAT, comme RAIDS l'avait dévoilé, dans son numéro 308. Pour autant, les objectifs avaient pu être détruits sans toucher de civils innoncents.
A Kaboul comme à Paris, personne n'a encore souhaité commenter cet évènement-ci. Un tel bilan vaut peut-être, néanmoins, quelques explications, ou tout au moins, un démenti, s'il y a lieu. Les insurgés, comme le gouvernement et l'ISAF utilisent tour à tour ces situations pour leur propagande.
On l'a bien vu avec le tireur de Gwan, les Afghans ont un sens de la vengeance assez viscéralement inscrit dans les gênes. Une confirmation risque de tendre, donc, encore plus, les relations entre Français et Afghans.
Post-scriptum : une source non officielle fait état d'armes portées par des membres du groupe de bergers. Ce n'est pas la première fois que les insurgés font porter leur armes par des enfants. Ou qu'il débauchent des enfants pour combattre à leurs côtés. Pour l'instant, c'est parole contre parole, il ne faut pas exclure que l'ISAF dégaîne des images pour persuader de son bon droit.