Les campagnes Afghanistan compteront double dans le calcul des annuités de retraite : c'est une avancée (1), mais dont les suites sont encore floues, car on ignore notamment si l'avantage sera rétroactif (2) et s'il concernera indifféremment les membres des trois armées engagés sur ou au profit du théâtre. Peut-on exclure un équipage de Transall qui largue des palettes LMTGHOB au profit de COP en Afghanistan, au motif qu'il a décollé de Douchanbe (Tadjikistan) ? La même question se pose pour les marins du GAN : le doublement concerne-t-il les seuls pilotes, exposés au risque afghan, ou tous les marins ? Les mandats courts seront-ils, de la même façon exclus ? Et un gendarme, militaire, sera-t-il concerné ?
Bref, l'avancée mérite précision, et une attentive lecture des conditions.
Mais elle risque d'accentuer encore les mouvements de revendication dans le ministère, et ils ne manquent pas, même s'ils ne font pas les gros titres.
En première ligne, la révision du taux de solde opex. En ce qui me concerne, pas un militaire ne m'avait jamais parlé de la campagne double, par contre, si vous parlez plus d'un quart d'heure avec un militaire français qui part, opère ou rentre d'Afghanistan, ce sujet du taux de solde opex arrive irrémédiablement sur le tapis. C'est assez logique : les militaires sont des Français comme les autres, et l'argent qu'ils n'ont pas tout de suite les préoccupe plus que l'argent qu'ils n'auront sans doute pas de toute façon dans vingt ou trente ans.
Pour des raisons d'égalité de traitement, c'est un CEMA qui avait décidé que le taux de majoration de solde serait égal d'un théâtre à l'autre.
On le sait, cependant, les risques de l'Afghanistan et du Kosovo -pour ne prendre que cet exemple- ne sont pas tout à fait les mêmes. Même avec une réduction progressive des effectifs engagés en opex, il n'y a cependant aucune chance que cela change. Car pour changer ce taux -et en fait augmenter les majorations de ceux engagés en Afghanistan-, il faudrait engager plus d'argent tout de suite. Alors que donner le mérite d'une campagne double -mesure qui peut rendre populaire (3)- consiste à transférer le problème aux futurs gestionnaires de la France.
En deuxième ligne, discrète, les jeunes officiers supérieurs qui attendent le décret de leur revalorsation indiciaire, qui selon l'expression consacrée, a un peu "glissé" par rapport à la date prévue.
On attend aussi les suites -parfois annoncées en mars- du versement de la prime montagne. Qui, outre les montagnards de la 27e BIM, devrait bien concerner tous les spécialistes du domaine dans d'autres régiments (13e RDP, 1er RPIMa, etc). On explique cette prime par les qualifications nécessaires du domaine montagne, mais d'autres l'expliquent aussi par la nécessité d'entretenir l'entrain, alors que la BIM fournit désormais un mandat hiviernal chaque année en Afghanistan, et donc, proportionnellement, suit le rythme le plus effréné.
Chez les civils, la colère gronde, aussi, autour du problème de la revalorisation -promise- des TSEF, et des annonces -non suffisamment concrétisées- sur les prises de responsabilités des civils au sein des bases de défense.
(1) avancée, ou simple confirmation d'une information déjà donnée en CSFM en fin d'année dernière ?
(2) les premiers éléments ont été déployés en octobre 2001, il y a donc bientôt dix ans.
(3) et d'autant plus que la réforme des retraites est très mal passée dans les armées, concernées elles aussi.