Le général de division Didier Castres, patron du CPCO (1), l'a annoncé hier : la France a lancé ces derniers mois -pour ne pas dire ces derniers jours- des urgences opérations liées au combat qu'elle mène contre AQMI, au Sahel. Entre autres, et sans aucun détail, vu la sensibilité du sujet, le représentant de l'EMA a expliqué que le ministère était en train de "développer des capacités" pour permettre à l'ATL-2 de mieux opérer au-dessus des terres.
Une vieille histoire (2) pourtant, que l'engagement de la "frégate volante" au-dessus des sables et des savanes africains, mais sans doute jamais, l'engin n'aura été engagé dans un tel volume, avec pas moins de trois appareils au Niger, en septembre dernier (40% de la flotte engageable, à l'époque), et autant, le mois dernier. Un 3e appareil avait alors été rameuté en urgence.
De fait, sauf en Afghanistan, l'ATL-2 a été systématiquement "taské" par le CPCO à chaque déclenchement d'opérations. Une dimension incontournable qui divise, depuis longtemps, dans la marine : certains voient mal l'avion "détourné" de sa mission initiale, la traque des sous-marins adverses. Pas l'amiral Guillaud, semble-t-il, qu'on dit un fervent supporteur de l'ATL-2.
C'est aussi une vieille histoire que l'obsolescence des capteurs de l'Atlantique -un secret de polichinelle- : l'opération a été maintes fois décalée, à chaque fois remplacée par d'autres urgences sur d'autres équipements.
Au point que je ne me hasarderai pas à écrire un calendrier du chantier prévu (3).
Rappelons seulement que dans les années 80, l'engin hébergeait l'état de l'art des technologies disponibles ; trente ans plus tard, l'essentiel de son intelligence provient... de ses équipages.
Parmi les options les plus urgentes figuraient précisément le remplacement de la tourelle optronique infrarouge -certains rêvaient même d'une double tourelle- : très performante, elle ne permet cependant pas -faute de voie jour- de lever le doute, dans un groupe mêlant otages et preneurs d'otages.
A 7.000 mètres de distance, et 4.000 mètres d'altitude, le Tango a fait ce qu'il pouvait (4).
Il aurait pu être remplacé plus tôt. Cette fois, c'est officiel : c'est devenu urgent.
(1) qu'il a présenté en ces termes : l'objectif du CPCO est "d'aider les forces à gagner en opérations".
(2) notamment contée par votre serviteur dans le hors-série de RAIDS consacré aux 100 ans de l'aéronavale.
(3) si, soyons pervers : un nouveau report du contrat global, l'an dernier, a produit un autre contrat, de levée de risques.
(4) Et, je le confirme, même un Nikon ne peut pas non plus, à cette distance, faire des miracles.